Notre impact
Au cours des douze derniers mois, Crisis Action a facilité des coalitions et des campagnes qui ont contribué à des changements positifs pour les civils pris au piège de la guerre. Avec nos partenaires et alliés, nous avons :
Yémen
- Contribué à empêcher l’attaque du port de Hodeidah, en attirant l’attention des responsables politiques et des médias du monde entier sur ses conséquences désastreuses sur les populations civiles, ce qui a permis de poursuivre l’acheminement d’aide à des millions de personnes via ce port clé pour l’ensemble du pays.
- Contribué à œuvrer pour la conclusion d’un accord de cessez-le-feu historique pour Hodeidah, qui a entraîné une baisse de 68 % du nombre des victimes au niveau local.
- Coordonné des actions ciblées pour exiger des États-Unis qu’ils cessent de soutenir la guerre au Yémen, qui ont conduit le Congrès américain à invoquer pour la première fois la législation du War Powers Act et à voter pour limiter le soutien américain à la guerre.
- Encouragé les gouvernements américain, français et britannique à cesser de vendre des armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis (EAU), ces armes servant à tuer des civils yéménites.
68% reduction
du nombre de victimes
Soudan du Sud
- Contribué à l’instauration d’un nouvel accord partage du pouvoir en promouvant la participation de la société civile aux pourparlers de paix.
- Mené une campagne fructueuse auprès du Conseil de sécurité de l’ONU pour qu’il renouvelle l’embargo sur les armes et les sanctions ciblées visant des dirigeants sud-soudanais.
- Contribué à stopper les transferts de fonds illicites alimentant la guerre au Soudan du Sud, en suscitant une lutte plus efficace des pays voisins contre le blanchiment d’argent, notamment la fermeture par la Banque centrale du Kenya de comptes bancaires suspects de ressortissants sud-soudanais et une interdiction de l’exploitation forestière illégale.
Syrie
- Permis une forte hausse de la couverture par les médias russes indépendants du rôle joué par la Russie dans la perpétuation du conflit syrien, qui a suscité un débat public en Russie et renforcé l’opposition dans l’opinion publique russe à l’intervention en Syrie.
- Contribué à prévenir une attaque de grande ampleur à Idlib, en maintenant sous les feux de l’actualité la souffrance des civils et en alertant sur les répercussions potentiellement désastreuses d’une attaque.
- Contribué à empêcher une « normalisation » des relations entre la Syrie et l’Occident, notamment en mettant en évidence le sort des personnes détenues, « disparues » et torturées par le régime Assad.
Soudan
- Contribué à la conclusion d’un accord de partage du pouvoir historique entre l’armée et les civils en encourageant l’Union africaine (UA) à prendre des mesures énergiques à l’encontre des acteurs s’opposant à la transition vers un pouvoir civil.
Message
du directeur exécutif et du président
Arnold Tsunga
Président du conseil d’administration
Andrew Hudson
Directeur exécutif
2019 marque le quinzième anniversaire de Crisis Action. Composée au départ d’une seule personne, l’équipe comprend aujourd’hui 50 personnes basées dans plus de dix pays. Crisis Action a été fondé en 2004 par 14 organisations non-gouvernementales (ONG) ; nous collaborons désormais avec plus de 150 partenaires et notre budget dépasse les 5 millions de dollars. Nous n’en serions pas là sans nos prédécesseurs, à qui nous tenons à rendre hommage : les anciens directeurs exécutifs Guy Hughes, Brendan Cox et Gemma Mortensen et les anciens présidents du conseil d’administration Paul Ingram, Nick Grono et Jan Egeland. En savoir plus sur les temps forts de nos 15 ans.
Ce rapport annule couvre la période de juillet 2018 à juillet 2019, une année pendant laquelle le monde semble s’être fracturé et le système multilatéral a été confronté à des menaces existentielles. Pourtant, nous avons aussi constaté un intérêt grandissant pour le pouvoir de l’action collective. Et une guerre qui semblait oubliée au Yémen, est devenu une priorité de politique étrangère pour les principales puissances occidentales, en partie grâce aux campagnes de la société civile.
Qu’il s’agisse d’aider des activistes à résister à la fermeture de l’espace civique au Soudan, ou de collaborer avec de courageux journalistes russes afin qu’ils rapportent des crimes de guerre en Syrie que leur gouvernement voulait étouffer, une grande partie du travail de Crisis Action consiste à permettre à des individus remarquables d’avoir un impact maximal. Par ailleurs, Crisis Action contribue à faire évoluer le système et à défendre l’État de droit – aussi bien en mettant en évidence le rôle du secteur financier dans la perpétuation du conflit au Soudan du Sud qu’en collaborant avec les parlementaires du Royaume-Uni, de la France et des États-Unis pour exiger des gouvernements qu’ils rendent compte de leurs actes.
Nous sommes extrêmement fiers d’annoncer que, pour la première fois, le modèle unique de Crisis Action a inspiré une nouvelle organisation. Plus d’informations sur le programme « Digital Action » ici
Merci à tous les membres de notre réseau mondial qui nous ont permis de continuer à bâtir des collaborations innovantes pour sauver des vies.
15 ans d’impact
A Crisis Action, nous prônons l’« optimisme déraisonnable ». En quinze années particulièrement exaltantes, il nous en a fallu face à certains des conflits les plus inextricables. Nous avons facilité des actions collectives pour influer sur les décisions politiques au plus haut niveau dans plus d’une trentaine de zones de guerre. Voici quelques moments forts de l’impressionnant impact collectif que nous avons eu depuis 2004.
2007
Robert Mugabe empêché de torturer des civils en stoppant l’approvisionnement du régime zimbabwéen en papier-monnaie.
2007
Journée mondiale d’action dans 40 pays après des tirs mortels de l’armée birmane sur des manifestations pacifiques de moines, suivie de sanctions imposées par l’Union européenne à des militaires de haut rang et de la toute première déclaration présidentielle du Conseil de sécurité sur la Birmanie, mesures qui ont contribué à mettre fin à la violence.
L’actrice Thandie Newton brûlant une poupée Barbie pour signifier la souffrance des jeunes, dans le cadre d’une campagne de protestation contre la guerre au Darfour.
2010
Mise en place d’une large coalition d’ONG suite au viol par les forces de sécurité de la République Démocratique du Congo (RDC) de 300 à 1 000 femmes et enfants, ce qui a conduit l’ONU à ouvrir une enquête et entraîné des poursuites en justice et l’emprisonnement des principaux responsables.
2010-11
Campagne« Sudan365 » pour encourager une sécession aussi pacifique que possible du Soudan du Sud, mobilisant des membres des Pink Floyd, The Police et Radiohead, pour une vidéo musicale classée au hit parade dans de nombreux pays, téléchargée des millions de fois et postée sur la page d’accueil de YouTube et de MTV.
2011
Mobilisation de 200 organisations arabes de 18 pays en soutien à la décision de la Ligue arabe d’instaurer une zone d’exclusion aérienne en Libye, empêchant un massacre à Benghazi.
2011
Campagne #WithSyria afin de parvenir à un accord permettant aux convois d’aide transfrontalière de l’ONU d’atteindre trois millions de Syriens qui mouraient de faim. C’était la première fois que l’ONU acheminait une aide depuis un autre pays, et cette aide transfrontalière se poursuit aujourd’hui.
2012
Contribution à la mise en œuvre des premières stratégies régionales coordonnées par l’UA, l’ONU et les États-Unis pour que cessent les ravages causés par la redoutable Armée de résistance du Seigneur (LRA) ; le nombre de victimes a fini par chuter de plus de 90 %.
Banksy a réédité son œuvre emblématique ‘Girl with Balloon’ pour soutenir la campagne coordonnée par Crisis Action #WithSyria.
2013
Décision historique de l’UE suite à une campagne sur les produits des colonies israéliennes en Cisjordanie, qui a contribué à relancer les pourparlers de paix entre Israël et la Palestine.
2013
Instauration d’une plateforme inédite réunissant des chefs religieux chrétiens et musulmans de République centrafricaine, qui ont convaincu l’ONU de déployer une force de maintien de la paix dans le pays, sauvant des milliers de vies.
Des chefs religieux de la RCA rencontrent le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.
2016
Contribution à la négociation d’un accord politique en RDC qui a permis d’éviter des violences généralisées, et conduit à une transition politique pacifique en 2018.
2016-19
Mobilisation pour empêcher une attaque contre le port yéménite de Hodeidah, voie d’accès vitale pour l’assistance humanitaire, ce qui a permis de continuer d’acheminer de l’aide auprès de dizaines de millions de personnes.
2018
Encouragement à la participation directe de femmes et de jeunes aux pourparlers de paix au Soudan du Sud, qui a contribution à la mise en œuvre d’un accord de cessez-le-feu au Soudan du Sud et considérablement réduit le nombre de morts ; pressions sur l’ONU pour qu’elle impose pour la première fois des sanctions ciblées et un embargo sur les armes.
Yémen
Notre impact
Autrefois considéré comme un « conflit oublié », le Yémen est aujourd’hui un sujet politique brûlant, dont débattent aux États-Unis le Congrès américain et les candidats à la présidence, qui suscite des décisions de la Haute cour de justice au Royaume-Uni et des enquêtes parlementaires en France, et provoque des tensions entre les cobelligérants que sont l’Arabie saoudite et les EAU.
La campagne stratégique et rigoureuse menée par Crisis Action et nos partenaires yéménites et internationaux a propulsé et maintenu le conflit à la une de l’actualité et à l’agenda des décideurs politiques. Nous avons aussi amplifié les voix yéménites dans le débat et veillé à ce que les parties belligérantes et leurs partisans aient de plus en plus de mal à continuer sur la même voie.
Chronologie 2018
- Août Une frappe aérienne saoudienne sur un bus scolaire à Sanaa tue des dizaines d’enfants
- Oct Plus d’une quarantaine de dirigeants de la société civile yéménite se réunissent pour la première fois à Addis Abeba, rencontre organisée par Crisis Action
- Nov La co-fondatrice de Mwatana, Radhya Almutawakel, se rend aux États-Unis où elle rencontre le sénateur Bernie Sanders et d’autres décideurs ; l’armée américaine annonce qu’elle met fin au réapprovisionnement des avions saoudiens et émiratis au-dessus du Yémen ; les dirigeants de cinq organisations humanitaires de premier plan lancent un appel sans précédent aux États-Unis pour qu’ils cessent de soutenir la guerre au Yémen
- Déc Le gouvernement yéménite et les Houthis signent un accord de cessez-le-feu à Stockholm ; le Sénat américain invoque le War Powers Act et vote pour que les États-Unis cessent de soutenir la coalition de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis (EAU)
Chronologie 2019
- Jan 13 ONG invitées pour la première audition de la mission d’information sur le contrôle des exportations d’armement de l’Assemblée nationale française, crée suite à la mobilisation sur le Yémen et les ventes d’armes françaises
- Mars Radhya Almutawakel témoigne devant le Congrès américain ; l’Allemagne annonce qu’elle prolonge un moratoire sur les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite
- Avril La Chambre des représentants et le Sénat américains adoptent tous deux des résolutions au titre du War Powers Act afin que les États-Unis cessent de soutenir la coalition menée par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis (EAU), mais le Président Trump oppose son veto
- Mai Les Houthis annoncent leur retrait militaire de Hodeidah ; le gouvernement américain exploite un vide juridique pour autoriser la vente d’armes de 8 milliards de dollars à l’Arabie saoudite et aux EAU
- Juin La Haute cour de justice du Royaume-Uni juge que les ventes d’armes à l’Arabie saoudite sont illégales
- Juil Les EAU annoncent qu’ils se désengageront de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite luttant contre les Houthis et redéploieront la plupart des troupes en dehors du Yémen ; le Congrès américain vote contre une vente d’armes à l’Arabie saoudite et aux EAU représentant plusieurs milliards de dollars. Le Président Trump oppose son veto
Maintenir ouvert le port vital de Hodeidah…
Notre dernier rapport annuel soulignait la vague d’indignation internationale qui en juillet 2018 avait permis de déjouer une attaque émiratie sur la ville portuaire vitale de Hodeidah, qui aurait pu entraîner la mort de 250 000 personnes. Dans les mois qui ont suivi, Crisis Action et ses partenaires ont continué de tirer la sonnette d’alarme et des responsables de l’ONU confirment désormais que la menace a reculé, ce qui signifie que cette voie d’accès vitale pour l’acheminement de nourriture, de carburant et de médicaments auprès de millions de civils yéménites reste ouverte.
La coordinatrice humanitaire de l’ONU pour le Yémen, Lise Grande, a déclaré à Crisis Action et à nos partenaires : « Crisis Action a changé la manière dont les décideurs perçoivent la crise au Yémen », ajoutant que la campagne coordonnée par Crisis Action et ses partenaires était la plus fructueuse qu’elle ait vu en 25 années de carrière.
En m’aidant à comprendre les implications politiques du soutien des États-Unis à la guerre au Yémen, et en me mettant en relation avec des sources clés sur le terrain, Crisis Action a permis d’améliorer la couverture du conflit par CNN considérablement accru son impact auprès des décideurs et du public.
Grand reporter, CNN
…et soutenir un cessez-le-feu historique
La crise de Hodeidah a permis de maintenir le Yémen dans l’actualité et d’en faire une priorité diplomatique pour les décideurs, et dans ce contexte d’attention accrue, l’Envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen a lancé de nouveaux pourparlers de paix. En décembre 2018, les parties au conflit se sont rencontrées en Suède pour les premières véritables négociations depuis plus de deux ans, et ont convenu d’un cessez-le-feu pour Hodeidah. Dans les mois qui ont suivi, le nombre des victimes locales a baissé de 68 %.
En quatre ans de conflit, l’accord de Stockholm a représenté la plus importante avancée . Un interlocuteur à l’ONU nous a dit n’avoir « jamais eu connaissance d’un plaidoyer humanitaire qui appuie un processus de paix de manière aussi concluante ».
La réaction internationale à la menace de l’offensive visant Hodeidah a été d’une telle ampleur que les EAU ont non seulement renoncé à l’attaque, mais ont aussi annoncé en juillet 2019 qu’ils retireraient la majorité de leurs troupes du Yémen.
Pression sur les ventes d’armes
Cette année, Crisis Action a contribué à modifier les perceptions publiques et politiques de la légalité et de la moralité des ventes à l’Arabie saoudite et aux EAU d’armes destinées à être utilisées au Yémen. Des pressions ont été exercées sur le Royaume-Uni, les États-Unis, la France et l’Allemagne pour qu’ils suspendent leurs ventes d’armes aux gouvernements saoudien et émirati.
En juin 2019, nos partenaires Campaign Against the Arms Trade ont remporté une victoire considérable lorsque la Haute cour de justice du Royaume-Uni a jugé illégales les ventes d’armes britanniques à l’Arabie saoudite. Le gouvernement fait actuellement appel de cette décision, mais a entretemps suspendu la délivrance de nouvelles licences d’exportation.
En France, Crisis Action a contribué à informer une mission d’information parlementaire inédite sur les exportations d’armes. Nous avons également travaillé à amplifier les révélations de presse sur la manière dont les armes vendues par la France sont utilisées au Yémen, en contradiction avec ce qu’affirmait le gouvernement. Dans ce contexte, des dockers ont refusé de charger des armes à bord d’un navire en partance pour l’Arabie saoudite.
Crisis Action a coordonné une lettre ouverte d’ONG, qui a contribué à persuader le gouvernement allemand de prolonger le moratoire sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite.
Notre partenariat avec Crisis Action est inestimable, et sa méthode de travail est d’une intelligence extrême. Réduire les souffrances causées par le conflit requiert de la collaboration, de l’intelligence, de la créativité et une forte concentration sur l’impact – c’est précisément ce qu’apporte Crisis Action.
Cofondateur et directeur exécutif, Mwatana for Human Rights
Une opposition croissante de la part du Congrès américain
Le changement politique le plus important à l’égard de la situation au Yémen s’est probablement produit aux États-Unis où, pour la première fois, les deux chambres du Congrès ont voté à maintes reprises et tous partis confondus, pour l’arrêt du soutien militaire américain à l’intervention saoudienne et émiratie au Yémen.
Le vote initial s’est tenu au lendemain d’une campagne de grande envergure coordonnée par Crisis Action, qui comprenait des messages conjoint de directeurs de grands organismes d’aide humanitaire, une vaste couverture médiatique dans les organes de presse les plus influents (dont CNN, le New York Times, le Washington Post et le Wall Street Journal), un engagement coordonné de la part d’ONG partenaires auprès de bureaux du Congrès, la publication par des ONG d’annonces dans les journaux locaux des principaux sénateurs et membres du Congrès, et des visites très médiatisées de défenseurs yéménites des droits humains à Washington.
Crisis Action a aidé Radhya Almutawakel, co-fondatrice de Mwatana for Human Rights, à devenir la toute première femme yéménite à témoigner devant le Congrès. Radhya a également été sélectionnée pour figurer sur la liste du magazine Time répertoriant les 100 personnes les plus influentes de 2019, à l’issue d’une nomination proposée par Crisis Action, et les travaux qu’elle réalise avec Mwatana ont été cités par Bernie Sanders lors d’une allocution devant le Congrès.
Révélant l’ampleur du soutien américain à l’Arabie saoudite et aux UAE, le Président Trump a choisi d’opposer son veto non seulement à la résolution du Congrès prise au titre du War Powers Act qui aurait entraîné la fin du soutien américain à la guerre, mais également à trois autres résolutions du Congrès qui auraient signifié l’arrêt des ventes de dizaines de milliers de bombes américaines.
Today I met with courageous activists @ralmutawakel and @ralfaqih from Yemeni human rights group @mwatanaen. They talked about the crisis in Yemen, and how important it is to end U.S. support for this disastrous war. pic.twitter.com/SSu7AupO7e
— Bernie Sanders (@SenSanders) November 15, 2018
Soudan du Sud
Notre impact
En septembre 2018, soit sept ans après que la plus jeune nation du monde a obtenu son indépendance du Soudan, et cinq ans après le début de la guerre civile, les belligérants du Soudan du Sud ont signé un nouvel accord de paix venant remplacer les précédents efforts qui avaient échoué. On estime que le niveau de violence a chuté de 60 %.
Cet accord, signé dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba, a été facilité par le Soudan, l’Ouganda et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). Crisis Action a aidé la société civile, et en particulier des femmes, à participer aux pourparlers, ce qui a été crucial pour parvenir à un accord, selon un représentant de l’IGAD.
Depuis, Crisis Action s’est attachée à promouvoir la mise en œuvre de l’accord, notamment en continuant d’aider les voix de la société civile sud-soudanaise à se faire entendre, en faisant campagne pour le renouvellement des sanctions ciblées et de l’embargo sur les armes imposés par l’ONU, et en s’attaquant aux moteurs sous-jacents du conflit.
Chronologie 2018
- Sep Les parties au conflit signent un nouvel accord de paix, l’Accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud
- Oct La sortie du documentaire The Profiteers sur YouTube révèle dans quelle mesure les banques kenyanes et ougandaises permettent le pillage étatique au Soudan du Sud
- Nov Des membres d’une équipe officielle chargée de surveiller le cessez-le-feu sont agressés à Juba lors d’une mission exploratoire ; le gouverneur de l’État de la rivière Yei est suspendu après que le documentaire The Profiteers l’accuse de se livrer au commerce illégal de teck
- Nov Médecins Sans Frontières révèle que 125 femmes ont été agressées sexuellement à Bentiu ; des recherches montrent que l’Ouganda a acheminé des armes au Soudan du Sud, en violation de l’embargo
Chronologie 2019
- Avril Le Groupe d’experts de l’ONU rapporte que deux dirigeants importants de l’opposition , Samuel Dong et Aggrey Idri, portés disparus depuis 2017, ont été tués à Juba
- Mai Les parties à l’accord de paix conviennent de proroger de six mois la période de prétransition ; le Conseil de sécurité de l’ONU renouvelle les sanctions et l’embargo sur les armes visant le Soudan du Sud
- Juin Le Conseil des Églises du Soudan du Sud condamne fermement la stigmatisation des survivants de violences sexuelles et de violences de genre ; les médias révèlent l’existence d’un contrat entre un groupe de pression basé aux États-Unis et le gouvernement du Soudan du Sud dont l’objectif est de nuire à la mise en œuvre de l’accord de paix
- Juil Le Secrétaire général de l’ONU signale que le gouvernement du Soudan du Sud n’a pas pris de mesures pour protéger les enfants du conflit
Mesures d’encouragement en faveur de la paix
En mai 2019, à l’approche d’un vote crucial de l’ONU sur le renouvellement des sanctions ciblées et de l’embargo sur les armes, Crisis Action a coordonné une campagne mondiale avec des partenaires et alliés pour appuyer ce renouvellement.
Cette campagne s’est en particulier attachée à persuader les membres africains du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Afrique du Sud, la Guinée équatoriale et la Côte d'Ivoire, de ne pas faire barrage au vote. Outre lettres conjointes d’ONG et une campagne sur les réseaux sociaux, des militants locaux ont passé une centaine d’appels téléphoniques, à New York et dans les trois capitales, pour convaincre les trois pays de ne pas entraver le vote.
La société civile est de plus en plus harcelée, opprimée et intimidée au Soudan du Sud. Le soutien apporté par Crisis Action nous a permis de collaborer avec nos frères et sœurs de la région et de mener une campagne fructueuse à l’ONU en faveur du renouvellement des sanctions et de l’embargo sur les armes.
Coordinateurs de mouvements, Africans Rising
Nous avons également facilité la visite à New York et à Washington de deux femmes sud-soudanaises qui ont témoigné auprès de décideurs de l’impact de la guerre sur les civils, notamment les violences sexuelles et de genre, et insisté sur la nécessité de maintenir des pressions diplomatiques et politiques sur le Soudan du Sud.
Le Conseil de sécurité s’est finalement prononcé pour le renouvellement, malgré un lobbying acharné de la part du Soudan du Sud, et les membres africains du Conseil se sont abstenus plutôt que de voter contre le renouvellement. Plusieurs diplomates de l’ONU ont salué le travail facilité par Crisis Action pour parvenir à ce résultat.
Les témoignages de dirigeants de la société civile sud-soudanaise à l’ONU ont grandement contribué au renouvellement des sanctions ciblées. C’est cette conjugaison de partenaires locaux convaincants et de compréhension géopolitique mondiale qui rend Crisis Action si efficace.
Ambassadrice de l’Australie et Représentante permanente adjointe auprès des Nations Unies
Lutter contre les moteurs du conflit
L’un des moments forts du travail de Crisis Action sur le Soudan du Sud au cours des douze derniers mois a été notre collaboration avec le cinéaste John Allan Namu d’Africa Uncensored sur son documentaire, The Profiteers.
Ce film, visionné plus de 260 000 fois sur YouTube dans les quinze jours qui ont suivi sa sortie, et également diffusé à la télévision ougandaise, révèle la manière dont les élites sud-soudanaise pillent leur pays et blanchissent les bénéfices qu’ils en retirent par le biais de banques situées au Kenya et en Ouganda. Il met en évidence la complicité de membres de l’élite kenyane et ougandaise et les risques pour les systèmes financiers de ces pays.
Des projections ont été organisées à Kampala, Berlin, Bruxelles, Nairobi, Londres et Washington. Nous avons également collaboré avec l’Institute of Economic Affairs au Kenya pour produire une note de politique publique présentant des recommandations techniques et démontrant qu’il était dans l’intérêt du Kenya et de l’Ouganda de réduire les flux financiers illicites.
Le documentaire a suscité un débat public au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est, suscité une vaste couverture médiatique et un important engagement sur les réseaux sociaux, et provoqué des manifestations dans les rues de Nairobi. Le Président du Soudan du Sud, Salva Kiir, et le général Paul Malong, qui apparaissaient dans le film, ont rapidement réagi à la télévision nationale.
L’impact a été remarquable : la Banque centrale du Kenya a ordonné aux banques d’appliquer les lois kenyanes de lutte contre le blanchiment des capitaux et entrepris d’éliminer les vides juridiques, des comptes bancaires sud-soudanais suspects ont été clos et l’Association des banquiers kenyans a émis une déclaration promettant de contribuer à « garantir que les auteurs de crimes économiques rendent des comptes ». Le gouverneur de l’Etat de la rivière Yei a été limogé à cause de son implication dans le pillage des ressources naturelles du Soudan du Sud ; la police enquête actuellement sur les individus ougandais dont rôle dans le commerce illégal de bois d’œuvre est exposé dans le documentaire; et les autorités ougandaises et sud-soudanaises ont convenu de prendre des mesures pour interdire l’exploitation forestière et le commerce de bois illégaux le long de leurs frontières communes.
Crisis Action nous a aidés à exposer la corruption et le blanchiment d’argent qui alimentent le conflit au Soudan du Sud, ainsi que le rôle joué par les pays voisins. Ces travaux conjoints ont suscité des débats sur le pillage du Soudan du Sud, avec de lourdes conséquences pour certains des politiciens responsables.
Journaliste d’investigation et co-fondateur, Africa Uncensored
Africa Uncensored s’est vu décerner le prix TRACE du journalisme d’investigation pour The Profiteers. Le jury a qualifié le documentaire de « triomphe qu’envierait toute salle de rédaction ». John Allan Namu a également remporté le prix du Journaliste de l’année aux Annual Journalism Excellence Awards organisés par le Conseil des médias du Kenya, ses confrères Samuel Munia Wakaba et Elijah Kanyi ayant également été honorés.
Ce travail démontre l’efficacité des tactiques créatives et ambitieuses, des collaborations inhabituelles, ciblant le secteur financier pour encourager un changement au plus haut niveau.
Syrie
Notre impact
Huit ans après un soulèvement pacifique contre son régime, le Président Assad a repris la situation en main dans la majorité du pays. Le bilan de ce conflit est catastrophique : des centaines de milliers de personnes sont mortes, et des millions d’autres ont été déplacées. De vastes parties du pays sont en ruines, et le droit international a été bafoué.
Au cours des douze derniers mois, Crisis Action s’est attelée à tenter de prévenir une crise humanitaire à Idlib ; à faire évoluer la manière dont les médias russes relatent le conflit ; et à empêcher une « normalisation » des relations avec le régime syrien.
Chronologie 2018
- Juin La cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de football en Russie est largement boudée par les dirigeants mondiaux ; le Président Macron rencontre le Président Poutine pour lui demander de prendre des mesures afin d’acheminer une aide humanitaire auprès des Syriens assiégés
- Sep 25 juristes éminents publient une déclaration conjointe sur les obligations juridiques des bailleurs de fonds en matière de reconstruction en Syrie ; la Turquie et la Russie conviennent d’un cessez-le-feu et d’un protocole d’accord sur Idlib en vertu de l’accord de Sotchi
- Déc L’ONU renouvelle la résolution autorisant l’acheminement d’une aide transfrontalière
Chronologie 2019
- Jan Olga Bobrova, journaliste à Novaya Gazeta, reçoit le prix journalistique annuel du gouvernement russe
- Fév/Mars Des journalistes russes se rendent au Liban, en Turquie et en Europe pour rencontrer des réfugiés syriens et des témoins de crimes de guerre et de violations des droits humains
- Mars Des ONG syriennes et internationales communiquent des informations aux ambassadeurs auprès de l’Union Européenne à la veille d’une conférence des donateurs. Le document final de la conférence contient une section entièrement consacrée aux détenus et aux personnes portées disparues ; plus d’une quarantaine d’activistes, d’experts et de personnalités influentes de Russie, de Syrie et d’Europe se réunissent à Berlin pour élaborer une stratégie commune
- Avril Le premier réfugié syrien vivant avec un handicap s’adresse au Conseil de sécurité de l’ONU ; la Russie enfreint le cessez-le-feu de l’accord de Sotchi et lance une attaque aérienne contre Idlib avec le régime syrien, ciblant des hôpitaux et des infrastructures civiles
- Mai Novaya Gazeta rapporte que, pour la première fois, la majorité de la population russe est opposée à la guerre en Syrie
Idlib : empêcher une catastrophe humanitaire
Tandis que les forces du régime menaient bataille contre l’opposition armée et d’autres groupes, 2,5 millions de personnes, d’après les estimations – dont des rebelles, la vaste majorité étant toutefois des civils – ont fini par trouver refuge dans la province d’Idlib, dans le nord-ouest du pays. La frontière turque étant fermée, il s’agit là du dernier refuge pour elles. Crisis Action s’est attelée à attirer l’attention sur la situation désespérée des civils.
Nous avons aidé des médecins syriens à se rendre en Europe et à New York pour alerter les décideurs politiques sur les attaques ciblées visant leurs hôpitaux, et avons également contribué à permettre un exposé au Conseil de sécurité de l’ONU de Susannah Sirkin, de l’organisation Physicians for Human Rights, en juillet 2019. Ces interventions ont aidé à convaincre le Secrétaire général de l’ONU d’ouvrir une enquête sur le bombardement d’hôpitaux et contribué au (bref) renouvellement du cessez-le-feu par la Russie.
Toujours en juillet, Crisis Action a coordonné une campagne réunissant plusieurs partenaires qui appelait le Pape François à user de son influence auprès du Président Poutine, campagne qui a atteint près de sept millions de personnes sur Twitter et a été couverte par les médias en Russie, en Italie, en Allemagne, en France et au Moyen-Orient. Le Pape a envoyé un courrier à Vladimir Poutine lui demandant des « initiatives concrètes au nom de la population syrienne », y compris la protection des civils à Idlib.
Quand j’ai fui la guerre en Syrie il y a quatre ans, je n’aurais jamais pensé devenir la première personne vivant avec un handicap à s’adresser au Conseil de sécurité des Nations Unies. Mais grâce à Crisis Action, j’ai pu dire à la communauté internationale que rien ne devait être fait pour nous sans nous
Activiste syrienne
Changer la manière dont le conflit syrien est présenté en Russie
Crisis Action a poursuivi les efforts engagés l’année dernière afin d’encourager les journalistes russes indépendants à rendre compte de la situation en Syrie. Cela a contribué à contrer la propagande du Kremlin au sujet de son rôle dans la guerre en Syrie et à pousser le Président Poutine à soutenir la paix.
En février et mars, Crisis Action a contribué à organiser des déplacements de défenseurs des droits humains et de journalistes russes au Liban, en Turquie et en Europe, où ils se sont réunis et ont interrogé des victimes et des témoins de crimes de guerre et d’atteintes aux droits humains syriens. A l’issue de l’un de ces déplacements, le journal indépendant Novaya Gazeta a publié à la une un long article – le premier d’une série – faisant valoir que le soutien accordé par la Russie au régime Assad était aberrant et devrait cesser.
En mars, Crisis Action a organisé un forum à Berlin pour plus d’une quarantaine d’activistes, d’experts et de personnalités influentes de Russie, de Syrie et d’Europe. Olga Bobrova, journaliste à Novaya Gazeta, nous a dit par la suite que les discussions du forum leur avaient permis « de considérer ces individus, dont nous ne parlions auparavant que de manière abstraite, comme des personnes vivantes, actives, qui travaillent dur pour la paix et la justice ».
Cette évolution de la couverture médiatique en Russie commence à porter ses fruits : des sondages récents indiquent que, pour la première fois, une majorité de Russes s’opposent au soutien miliaire que leur gouvernement apporte à Assad. En outre, le Premier ministre russe Medvedev a décerné à Olga Bobrova un prix journalistique prestigieux. Cela montre un changement significatif dans l’attitude du gouvernement à l’égard des médias indépendants, et suggère qu’il reconnaît la nécessité de nouer un dialogue avec eux et qu’il est à l’écoute de leur travail.
Les efforts déployés par Crisis Action pour établir des relations personnelles avec les médias russes indépendants ont permis l’instauration de partenariats inestimables basés sur une confiance et un respect réciproques. Leurs travaux ont permis au public russe de voir les Syriens ordinaires non comme des entités abstraites mais comme des individus qui vivent, respirent, et travaillent dur pour la paix et la justice.
Journaliste, Novaya Gazeta
Pas de normalisation
Crisis Action a également œuvré au cours des douze derniers mois à empêcher la reprise de relations diplomatiques normales entre la Syrie et d’autres pays en l’absence de transition politique.
En septembre 2018, à l’approche d’une réunion clé sur la Syrie à l’ONU, nous avons aidé un groupe d’éminents juristes à formuler une série de dix principes que les bailleurs de fonds doivent respecter en vertu du droit international s’ils envisagent d’appuyer la reconstruction. Les commentaires des diplomates suite à cette initiative ont confirmé que les principes avaient contribué à les convaincre de ne pas octroyer de financement inconditionnel pour la reconstruction, et, en juin 2019, cette déclaration a remporté le prix 2019 de l’université d’Essex décerné au Meilleur impact d’une recherche internationale.
Crisis Action a aussi focalisé son attention sur la situation désespérée des détenus, reconnaissant que la situation sécuritaire en Syrie était le plus gros obstacle au retour des réfugiés dans leur pays et qu’elle devrait dissuader les gouvernements occidentaux de rétablir des relations diplomatiques. A l’approche d’une conférence des donateurs à Bruxelles en février 2019, Crisis Action a aidé des organisations syriennes et internationales à informer diplomates, parlementaires et médias. La déclaration de la conférence a défendu leurs recommandations en exhortant le gouvernement syrien à « libérer les personnes détenues arbitrairement, révéler le lieu où se trouvent les personnes portées disparues et permettre un accès aux centres de détention ».
En août 2019, pour la toute première fois, deux anciennes détenues syriennes – Amina Khoulani et le Dr Hala Al Ghawai de l’organisation Families for Freedom – ont témoigné devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Crisis Action a soutenu cette visite, organisé des rencontres avec des décideurs de haut niveau et contribué à lui donner un écho médiatique, notamment dans le Washington Post, New York Times et Al-Arabiya.
Soudan
Réponse d’urgence
Outre ses principales campagnes, Crisis Action est en capacité de réagir rapidement pour contribuer à empêcher ou pour répondre immédiatement à l’apparition ou à l’intensification de conflits.
Notre impact
Après des mois de protestations antigouvernementales, qui ont abouti à la chute du Président de longue date Omar el-Béchir, Crisis Action a lancé une réponse d’urgence sur le Soudan en avril 2019 pour réclamer une transition pacifique vers un pouvoir civil.
Notre travail a surtout consisté à encourager l’UA à écouter la société civile soudanaise et à insister pour que l’armée remette le pouvoir aux civils.
Crisis Action a facilité trois déclarations distinctes de la société civile, demandant une transition vers un pouvoir civil et fixant une échéance pour le transfert des pouvoirs. Ces revendications ont été reprises dans deux déclarations de l’UA. Nous avons aussi aidé nos partenaires à produire deux rapports parallèles destinés à l’UA sur les progrès vers la transition.
Nous avons facilité le témoignage de quatre délégués de la société civile soudanaise devant la Commission de l’UA, des membres du Conseil de paix et de sécurité et des missions diplomatiques à Addis Abeba. Un ambassadeur nous a fait savoir qu’il ne « pouvait pas trahir » les délégués lors du vote pour la suspension du Soudan de l’UA.
En coulisse, Crisis Action a facilité la rédaction d’une lettre privée adressée au Conseil de paix et de sécurité de l’UA par huit Africains éminents et encouragé des personnalités du monde des affaires à téléphoner à des responsables de l’UA et à des ministres à la veille d’un vote critique et à lancer un appel à titre privé à ce que des mesures soient prises pour sauver des vies.
Le 6 juin, l’UA suspendait le Soudan et indiquait sa volonté d’imposer des sanctions ciblées. En juillet 2019, l’armée soudanaise convenait de former un gouvernement de transition dirigé par des civils, ce qui, dès le départ, avait été l’objectif de la réponse d’urgence de Crisis Action.
Travailler avec Crisis Action
Reem Abbas est une journaliste, bloggeuse et militante soudanaise primée, qui travaille notamment sur les droits humains et les questions de genre.
Les femmes ont été au cœur des manifestations qui ont chassé le président soudanais Omar el-Béchir de ses fonctions. Mais nous avons ensuite été exclues des pourparlers qui ont suivi avec le Conseil militaire de transition qui a succédé au Président. J'ai donc su lorsque j'ai été invitée à me joindre à une délégation à l'UA pour appeler une transition pacifique du pouvoir, que c'était une opportunité à saisir.
La perspective de rencontrer des dignitaires de l'UA et des pays voisins était terrifiante. Je communique avec des milliers de personnes chaque jour dans le cadre de mon travail comme journaliste et bloggeuse, mais l'idée de parler en public et de tenir des réunions politiques de haut niveau m'a terrifiée.
La directrice de Crisis Action à Addis-Abeba a d'une grande aide. Elle m'a informée, ainsi que mes collègues délégués, des personnes que nous allions rencontrer et des différents rôles que nous pourrions jouer. Nous avons été encouragées à parler du fond du cœur, après avoir vécu les années d'oppression et vu la souffrance des gens. Les trois personnes que nous étions sont devenues une équipe puissante.
Alors que nous nous préparions, la situation dans les rues de Khartoum s'est aggravée, des manifestations pacifiques se heurtant à la répression violente des forces de soutien rapide. Le Comité des médecins soudanais a documenté 70 cas de viol en une seule journée, et le harcèlement et la violence sexuels à l'égard des femmes manifestantes étaient monnaie courante.
Crisis Action a pu organiser des réunions avec tous les interlocuteurs nécessaires et obtenir des résultats. Ceux que nous avons rencontrés ont exprimé leur profonde gratitude pour les informations que nous avons partagées. Nous avons insisté sur le fait que l'UA devait agir en faveur de la paix au Soudan et que toute paix digne de ce nom devait reconnaître les droits et le leadership des femmes.
Il a été extrêmement gratifiant de voir des ambassadeurs de l'UA et d'autres responsables agir sur la base de nos briefings et pousser le Soudan vers une transition pacifique du pouvoir - à un moment où les choses auraient si facilement pu basculer.
Bien entendu, la paix et l'égalité de genre ne sont en aucun cas garanties. Mais avec un nouveau premier ministre en fonction, les perspectives sont meilleures qu'elles ne l'ont été depuis des décennies. Je continuerai de demander des comptes au nouveau premier ministre et au gouvernement par le biais de mon journalisme et d'utiliser mes nouvelles compétences en matière de présentation pour atteindre de nouveaux publics sur YouTube. Je vais également écrire un livre sur le soulèvement. Et si nécessaire, je retournerai en première ligne pour réclamer la paix, pour mes concitoyennes, et pour le peuple soudanais.
Réponses d’urgence
Outre ses principales campagnes, Crisis Action est en capacité de réagir rapidement pour contribuer à empêcher ou pour répondre immédiatement à l’apparition ou à l’intensification de conflits.
Cameroun
A l’approche des élections camerounaises d’octobre 2018, Crisis Action a lancé une réponse d’urgence à l’intensification du conflit dans les régions anglophones, qui avait donné lieu à des niveaux de violence effroyables et à un déplacement généralisé de populations civiles. L’objectif de cette campagne était d’inciter le Président sortant Paul Biya et les dirigeants séparatistes anglophones à prendre part à un dialogue faisant l’objet d’une médiation.
L’un des plus importants succès de cette courte action a été le rapprochement des organisations de la société civile anglophones et francophones pour élaborer une stratégie conjointe et collaborer à la promotion de la paix.
Venezuela
En mars 2019, à l’issue d’une consultation de partenaires, Crisis Action a lancé une réponse d’urgence à la crise humanitaire au Venezuela, où plus de sept millions de personnes ont besoin d’une aide d’urgence, et d’où plus de quatre millions de personnes ont déjà fui.
Il s’agissait là de la première initiative de Crisis Action en Amérique latine. Notre objectif était d’apporter une assistance aux populations dans le besoin. Nous avons aidé nos partenaires à exhorter l’ONU à agir plus rapidement et à demander aux principaux gouvernements d’user de leur influence auprès du Venezuela pour qu’il accepte l’aide humanitaire internationale.
Nous avons coordonné la rédaction d’une lettre privée à l’attention de membres du Groupe de contact international sur le Venezuela, mené par des acteurs européens, les exhortant à réclamer une amélioration de l’accès humanitaire et une intensification de la réponse. La lettre a été bien accueillie et, peu après, le Groupe publiait une déclaration conjointe comprenant des revendications puissantes pour répondre à la crise humanitaire. Nous avons en outre facilité plusieurs visites d’un humanitaire vénézuélien de premier plan, Feliciano Reyna, de l’organisation Acción Solidaria, afin qu’il informe d’importants responsables de l’ONU et des missions diplomatiques.
Digital Action
Une action collective intelligente peut sauver des vies. Elle peut aussi protéger les démocraties.
Une organisation agissant seule ne peut résoudre des problèmes complexes. C’est la raison pour laquelle Crisis Action construit des coalitions à partir d’un réseau mondial d’organisations et d’individus qui nous inspirent. Nous n’avons pas de visibilité publique, ce qui nous permet de jouer un rôle d’intermédiaire pour nos partenaires, en nous concentrant exclusivement sur ce qui renforce la sécurité des populations civiles. La puissance de ce modèle axé sur une coordination stratégique en coulisse pourrait ne pas s’appliquer uniquement à sauver des civils en situation de conflit, mais se développer dans le cadre d’autres problématiques mondiales telles que le changement climatique, l’éducation et les menaces numériques qui pèsent sur la démocratie.
En 2019, les plateformes numériques, ont en partie permis et ont servi de terrain aux luttes pour le respect des droits humains, l’égalité et la représentation. En Inde, à Hong Kong, au Zimbabwe et au Soudan, les mouvements de contestation pacifiques ont été confrontés à des actions violentes et à des coupures numériques. Il est donc pertinent pour Crisis Action de contribuer à former une nouvelle organisation, Digital Action, qui tire parti de notre modèle de coalitions créatives pour s’attaquer aux menaces numériques qui pèsent sur la démocratie.
Avec le soutien de la Fondation Ford, de la Fondation MacArthur, de Luminate et de la Fondation Open Society, Digital Action reproduira la méthode de travail de Crisis Action en cherchant à susciter des actions collectives ambitieuses et à provoquer un changement capable de renforcer les droits démocratiques en cette ère numérique. Digital Action s’attellera à combattre les menaces numériques à la démocratie, de la transformation des plateformes numériques en outils de déstabilisation et de radicalisation, à la collecte irresponsable des données, en passant par l’opacité des algorithmes.
Pour en savoir plus sur Digital Action, consultez digitalaction.co. Pour le guide pratique sur le modèle de Crisis Action, rendez-vous sur creativecoalitions.org.
Conseil d’administration
Toutes les informations sur les membres de notre Conseil d’Administration sont disponibles sur notre site internet, ou en cliquant sur leur photo ci-dessous.
Donateurs et Partenaires philanthropiques
Les ressources financières de Crisis Action proviennent d'un ensemble de fondations, de gouvernements et de particuliers, dont beaucoup fournissent un financement pluriannuel et sans restriction. En outre, tous les partenaires principaux de Crisis Action offrent une contribution financière annuelle, à l'exception de ceux qui sont situés dans les pays du Sud. Pour assurer la viabilité financière de l'organisation et préserver son intégrité et son indépendance, nous élargissons et diversifions continuellement notre base de donateurs.
Merci à tous nos donateurs, qui apparaissent ci-dessous, de rendre notre travail possible.
Fondations et individus
- Berghof Foundation
- Catherine Zennstrom
- Eagle Fund
- Greater Houston Community Foundation (Stardust Fund)
- Greenbaum Foundation*
- Heinrich Böll Foundation
- Joseph Rowntree Charitable Trust
- Kerfuffle Foundation*
- Lode Star Foundation
- MacArthur Foundation*
- Nduna Foundation*
- New Venture Fund
- Oak Foundation*
- Open Society Foundations
- Pears Foundation*
- Robert Bosch Stiftung
- Rockefeller Brothers Fund
- Sigrid Rausing Trust*
- Silicon Valley Community Foundation
- Skoll Foundation
- Stanley and Marion Bergman Family Charitable Fund
- Susan Gibson
* Crisis Action est particulièrement reconnaissant envers ces donateurs qui nous ont apporté un soutien pluriannuel et sans restriction
Gouvernements
- Australian Permanent Mission to the United Nations, New York
- Department of Foreign Affairs and Trade, Ireland (Stability Fund)
- European Union and German Federal Foreign Office as part of the Syria Peace Initiative, implemented by the GiZ
- Global Affairs Canada
- Ministry of Foreign Affairs of the Netherlands
- Swedish Ministry for Foreign Affairs
Bilan d’activité
Pour l’exercice clos au 31 Mai 2019
Faire défiler vers la droite pour voir l’ensemble du tableau
2019 (€) | 2018 (€) | |
---|---|---|
Recettes | ||
Bailleurs de fonds et donations | 4 256 841 | 3 779 498 |
Partenariats | 146 679 | 110 686 |
Intérêts | 6 003 | 8 805 |
Total | 4 409 523 | 3 898 990 |
Dépenses | ||
Salaires et charges afférentes | 2 940 900 | 2 770 015 |
Locaux | 285 735 | 281 094 |
Déplacements et frais connexes | 518 593 | 319 989 |
Informatique, communications et fournitures de bureau | 192 106 | 176 127 |
Publications | 89 048 | 23 694 |
Événements | 27 294 | 116 781 |
Frais professionnels | 112 883 | 102 372 |
Dépréciation d’actifs | 18 178 | 22 961 |
Charges financières | 10 565 | 103 513 |
Sur immobilisations: dotations aux amortissements | 6 255 | 5 182 |
Total | 4 201 556 | 3 921 729 |
(Déficit)/Excédent de l’année avant taxes | 207 968 | (22 739) |
Taxes | (1 141) | (1 672) |
(Déficit)/Excédent de l’année après taxes | 206 827 | (24 411) |
Fonds accumulés en début d’année | 1 273 800 | 1 306 451 |
Fonds accumulés en fin d’année | 1 471 546 | 1 273 800 |
Taux de change au 31 mai 2019 | 1,1309 | |
Taux de change au 31 mai 2018 | 1,1390 |
Recettes 2018/19
Faire défiler vers la droite pour voir l’ensemble du tableau
2019 (€) | 2018 (€) | |
---|---|---|
Actifs immobilisés | 19 873 | 26 315 |
Débiteurs1 | 254 254 | 304 851 |
Espèces en Banque | 2 378 200 | 2 422 175 |
Créanciers2 | (1 180 780) | (1 479 540) |
Total net des actifs | 1 471 546 | 1 273 800 |
Fonds propres | ||
Fonds propres | 1 782 717 | 1 624 077 |
Fonds réservés | 44 542 | 13 555 |
Fonds non réservés3 | (355 713) | (363 831) |
Fonds propres | 1 471 546 | 1 273 800 |
- 185,616 € de fonds débiteurs sont des dons pour 2018/19 reçus en 2019/20.
- 911,955 € de fonds Créanciers est le montant d'un fond différé reporté sur 2019/20.
- Les fonds non réservés comprennent trois actions d'une valeur nominale de 1,13€. Ces actions sont détenues par les administrateurs qui ne perçoivent aucun dividende.
Partenaires principaux
- 11.11.11
- Action Contre la Faim (ACF)
- Aegis Trust
- African Centre for Justice and Peace Studies (ACJPS)
- African Research and Resources Forum (ARRF)
- Agency for Cooperation on Research in Development (ACORD)
- Amnesty International
- Amnesty UK
- Arab NGO Network for Development (ANND)
- Arab Programme for Human Rights Activists
- Arabic Network of Human Rights Information (ANHRI)
- Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS)
- CARE France
- CARE International UK
- Catholic Agency for Overseas Development (CAFOD)
- Center for Civilians in Conflict (CIVIC)
- Center for Conflict Resolution (CECORE)
- Centre for Democracy and Development
- Christian Aid
- Concern - UK
- Cordaid
- Finn Church Aid
- Global Centre for the Responsibility to Protect (GCR2P)
- Human Rights Information & Training Center (HRITC)
- Human Rights Watch (HRW)
- Humanitarian Aid Relief Trust (HART)
- Humanity and Inclusion
- IHH (Insani Yardim Vakfi) (Humanitarian Relief Foundation)
- Institute for Security Studies (ISS)
- International Centre for Policy and Conflict (ICPC)
- International Crisis Group
- International Medical Corps UK
- International Refugees Rights Initiative (IRRI)
- International Rescue Committee
- Islamic Relief Worldwide
- KontraS
- Mensen met een Missie
- Mercy Corps
- Nobel Women's Initiative
- Nonviolent Peaceforce
- Norwegian Refugee Council (NRC)
- Oxfam International
- PAX
- Permanent Peace Movement
- Physicians for Human Rights
- Refugees International
- Saferworld
- Save the Children - UK
- Save the Children - US
- Stichting Vluchteling
- Support to Life
- Tearfund
- The Elders
- Trócaire
- War Child – Netherlands
- War Child – UK
- West Africa Network for Peacebuilding (WANEP)
- Women International Peace Centre
- World Vision International
- World Vision UK
Partenaires de campagne
- Acción Solidaria
- Action Des Chretiens Pour L’Abolition De La Torture (ACAT)
- Adopt a Revolution
- Africans Rising
- Alliance Internationale pour la défense des droits et libertés (AIDL)
- Articulação SUL
- Assistance Mission for Africa (AMA)
- Association of Evangelicals in Africa (AEA)
- Baytna Syria
- Better World Campaign
- Center for Justice and International Law (CEJIL)
- Centre for Humanitarian Dialogue
- Centro de Justicia y Paz (CEPAZ)
- Community Empowerment for Progress Organization (CEPO)
- Daughters of Mumbi Global Resource Center
- Dawlaty
- Denis Hurley Peace Institute
- Dialogue and Research Initiative (DRI)
- End Impunity Organization (EIO)
- Enough Project
- Euromed Rights – Euro-Mediterranean Network For Human Rights
- EVE Organization
- Families for Freedom
- Fellowship of Christian Councils and Churches in the Great Lakes and Horn of Africa (FECCLAHA)
- FEMNET
- Friends Committee on National Legislation
- Hand in Hand for Syria
- Help4Syria
- Human Rights Documentation Organization (HURIDO)
- Human Rights First
- Institute for Justice and Reconciliation (IJR)
- International Commission of Jurists
- International Medical Corps USA
- International Youth for Africa (IYA)
- medico international
- Mwatana Organization for Human Rights
- Najda Now
- National Security Action
- Observatoire des Armements
- Pan African Lawyers Union (PALU)
- Peace Coalition for South Sudan (PECOSS)
- People in Need (PIN)
- Relief & Reconciliation for Syria
- Revivre
- SaferYemen
- Salam for Yemen
- Sana'a Center for Strategic Studies
- Sawa Association for Development and Aid
- Search for Common Ground
- South Sudan Action Network on Small Arms (SSANSA)
- South Sudan Women's Empowerment Network (SSWEN)
- Sudan Focal Point Europe
- Syria Bright Future
- Syria Relief
- Syria Relief & Development (SRD)
- Syrian American Medical Society
- The Sentry
- The Syria Campaign
- The Washington Office on Latin America (WOLA)
- Union des Organisations de Secours et Soins Médicaux (UOSSM)
- United States Institute of Peace (USIP)
- Violations Documentation Center in Syria (VDC)
- Win Without War
- Wogood for Human Security
- Women Now for Development
- Yemen Solidarity Network
Notre réseau
La liste complète des membres de notre réseau est disponible sur notre site internet.
L’Equipe Crisis Action
Notre équipe
Vous trouverez une liste complète sur notre site internet, rubrique « Qui sommes-nous ? »/ « Notre équipe ».
15 ans de Crisis Action
Merci
Un grand merci aux consultants, stagiaires et anciens employés ci-dessous pour leur contribution au travail de Crisis Action au cours de cette année:
- Alaa Ahmed
- Amen Deneke
- Amy Barry
- Benson Kaduki
- Camilla Davila
- Cara Priestley
- Catherine Penda
- Chakera McIntosh
- Chelangat Rutto
- Claire Albiez
- Conor O’Loughlin
- Diala Ghneim
- Ebony Ross Elvis Salano
- Emebet Getachew
- Jennifer Dhanraj
- Jessica Doumit
- Joel Kimari
- Julia Kuperminc
- Kelly Petillo
- Lawrence Robinson
- Lena Cohrs
- Madu Gebermeskel
- Margaux Schulz
- Maria-Charito Mertz Marianne Tessa
- Marie Peschard
- Maryanne Kamoche
- Morgan Cronin-Webb
- Nada Ismail
- Nicole Maloba
- Nick Martlew
- Nour Zargouni
- Nyathon Mai
- Olivia Njoroge
- Otieno Adipo Sidang
- Rebecca Gibbons
- Richard Alam
- Robert Schupp
- Ruth Price
- Shilpa Venigandla
- Soraya Fettih
- Stefanie Barczy
- Susanne Baumann
- Tamara Bazih
- Yasmine Fawaz
Rapport Annuel 2019:
- Image de couverture: Des enfants syriens jouent dans un camp de personnes déplacées dans le nord d’Idlib à la veille de l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du ramadan (AAREF WATAD/AFP/Getty Images)
- Illustrations, graphisme et mise en page par Suketchi Branding & Design Agency
- Conception et révision par di:ga
- Site internet réalisé par Lumpy Lemon