Notre impact
Au cours des douze derniers mois, Crisis Action a coordonné des coalitions qui ont permis les avancées suivantes pour les populations civiles:
Yémen
- Convaincre le Conseil des droits de l’homme de l’ONU d’instaurer un mécanisme d’enquête sur les atteintes graves aux droits humains commises au Yémen, en dépit d’efforts intenses pour faire échouer l’initiative.
- Constituer une large coalition internationale pour convaincre la coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis de lever le blocus du port de Hodeidah, ce qui a permis d’acheminer près d’un demi-million de tonnes d’aide auprès de 22 millions d’individus dont la vie en dépendait.
- Empêcher une attaque potentiellement catastrophique contre le port de Hodeidah, voie d’accès vitale pour l’assistance humanitaire, en attirant l’attention des médias sur les conséquences qu’aurait une telle attaque et en faisant pression sur les États-Unis et le Royaume-Uni afin qu’ils convainquent les Émirats arabes unis d’y renoncer.
Soudan du Sud
- Appeler à un cessez-le-feu, obtenu en décembre, entraînant une baisse de 78 % de la mortalité par rapport à la même période l’année précédente.
- Permettre à la société civile et aux représentantes des femmes du Soudan du Sud de participer pleinement aux pourparlers de paix.
- Exercer des pressions sur l’Union Européenne afin qu’elle condamne la corruption financière qui alimente la guerre au Soudan du Sud et s’engage à la prévenir.
- Élaborer une plateforme virtuelle en ligne par laquelle les représentantes de la société civile sud-soudanaise ont mobilisé d’anciens et actuels chefs d’États et d’autres responsables politiques pour orienter l’engagement de la communauté internationale sur le Soudan du Sud.
- Convaincre le Conseil de sécurité de l’ONU d’imposer au Soudan du Sud un embargo sur les armes, ainsi qu’une interdiction de voyage et un gel des avoirs pour deux chefs militaires de premier plan, après avoir amené jusqu’au Conseil une délégation de Sud-Soudanaises pour plaider en faveur d’une telle initiative.
Syrie
- Résister aux tentatives pour mettre un terme à l’acheminement d’une aide transfrontalière essentielle en travaillant à l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Depuis, près de trois millions de personnes reçoivent chaque mois un ravitaillement vital grâce à cette résolution.
- Veiller au financement par l’administration Trump du Mécanisme international, impartial et indépendant sur les crimes commis en Syrie, en dépit du scepticisme américain à l’égard de la plupart des mécanismes onusiens.
- Encourager le Conseil de sécurité de l’ONU à adopter une résolution exigeant un cessez-le-feu de 30 jours en Syrie, par des actions de plaidoyer en coulisse et une campagne créative hautement médiatisée dans les rues de New York.
- Convaincre l’UE de ne pas accorder de fonds pour la reconstruction de la Syrie tant qu’un accord politique crédible et inclusif n’aura pas été mis en œuvre pour mettre fin au conflit.
Birmanie
- Faire pression sur l’UE afin qu’elle impose des sanctions aux représentants de l’armée birmane, notamment un embargo sur les armes, puis qu’elle généralise et renforce ces sanctions.
- Dissuader l’Inde d’imposer l’expulsion de 40 000 réfugiés Rohingyas vers la Birmanie tant que les dangers n’auront pas été écartés, en lançant la toute première action majeure de notre coalition dans ce pays pour attirer l’attention sur la détresse des réfugiés.
République Démocratique du Congo
- Demander au nouveau président sud-africain, Cyril Ramaphosa, de contribuer à apaiser les tensions en RDC, ce qu’il a effectivement fait peu après en demandant au président congolais, Joseph Kabila, de permettre une transition de pouvoir pacifique.
République Centrafricaine
- Obtenir une augmentation de 10 % des effectifs des Casques bleus de l’ONU afin de contribuer à prévenir les atrocités de masse, par le biais d’un plaidoyer d’ONG coordonné et d’un travail médiatique très ciblé.
Message du Président et du Directeur Exécutif
Les guerres, les victimes civiles qu’elles entraînent, se multiplient. Il y a une décennie, 80 % de l’aide internationale était dédiée à la réponse à des catastrophes naturelles. Aujourd’hui, 80 % de l’aide internationale répond à des besoins humanitaires résultant d’un conflit armé. La guerre coûte 14,7 milliards de dollars à l’économie mondiale – soit 12 % du PIB de la planète– et est à l’origine de 60 % des cas de faim potentiellement mortels dans le monde. 85 % des réfugiés présents en Europe ont fui un conflit armé.
Sur le plan géopolitique, cette année a été marquée par des dissensions parmi les plus fortes jamais observées. Les structures internationales comme l’OTAN et l’Union européenne semblent extrêmement vulnérables, tandis que des normes jusque-là acceptées, comme la responsabilité de protéger et le droit international humanitaire, menacent de tomber en désuétude, alors qu’à travers le monde des concepts encore plus fondamentaux sont menacés, comme ceux des droits humains et de la démocratie.
La crise humanitaire que nous traversons exige une collaboration, un sens de l’innovation et une vision commune de l’humanité fermement ancrée dans le droit international. C’est là que Crisis Action intervient.
De la Syrie au Soudan du Sud, tous les conflits sont causés par l’homme et appellent donc des solutions politiques. En ces temps difficiles, il est impératif de faire preuve d’une collaboration innovante et ambitieuse ; dès lors, le modèle de Crisis Action fondé sur l’action collective mondiale est plus pertinent que jamais.
Malgré une conjoncture difficile pour la collecte de fonds, la santé financière de Crisis Action reste excellente. Le budget pour 2017/18 était de €3.8m, soit une hausse de 15 %. Depuis sa création, Crisis Action se développe d’année en année, et aujourd’hui, forts de 50 salariés de 20 nationalités différentes présents dans dix pays, nous sommes une équipe de plus en plus internationale.
Face à un environnement opérationnel complexe, Crisis Action a élaboré une stratégie organisationnelle sur trois ans, dont les principaux objectifs sont les suivants:
- Réagir à l’érosion des principes en défendant explicitement les normes humanitaires et les droits humains fondamentaux;
- Approfondir nos principaux partenariats avec les ONG mondiales;
- Développer des liens avec de nouveaux groupes d’appui, notamment le secteur des entreprises, les dignitaires religieux et les mouvements sociaux;
- Renforcer notre expertise en matière de dynamique de genre dans les conflits;
- Étendre la portée géographique de notre impact, notamment en accroissant nos efforts envers la Chine et la Russie;
- Valoriser la culture de Crisis Action en améliorant les compétences, l’innovation et l’évaluation de notre impact;
Nous notons avec satisfaction que notre modèle unique d’action en coulisse pour développer des réseaux puissants fait des émules dans d’autres secteurs, en particulier de la part d’une organisation sur le point de voir le jour dédiée aux menaces numériques qui pèsent sur l’écosystème démocratique.
Nous sommes plus reconnaissants que jamais à notre large réseau de nous permettre de poursuivre notre travail, d’évoluer et de défendre les besoins des populations les plus vulnérables de la planète.
Yémen
À la mi-2017, le conflit au Yémen entrait dans sa troisième année, ayant entraîné la crise humanitaire la plus grave au monde. Plus de 22 millions de personnes dépendaient d’une aide d’urgence.
Les pays occidentaux, dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, alimentaient le conflit en vendant des armes et en offrant un soutien militaire à la coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Alors que le Yémen se trouvait au bord de la famine, et que toutes les parties continuaient à commettre des violations du droit international humanitaire contre les civils, Crisis Action a écouté ses partenaires qui lui demandaient d’élargir la portée de sa réponse d’urgence pour en faire une campagne mondiale. Collectivement, nos objectifs étaient d’améliorer l’accès humanitaire de manière tangible, de mettre fin aux attaques contre les civils et d’inciter les parties à s’engager concrètement dans un processus de paix redynamisé et inclusif.
Chronologie 2017
- Juin
15 Pour la première fois depuis un an, le Conseil de sécurité de l’ONU publie une déclaration ferme sur le Yémen - Août
30 Le coordinateur humanitaire de l’ONU affirme que la guerre au Yémen a fait au moins 10 000 morts - Sept
5 Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme qualifie le Yémen de « catastrophe entièrement imputable à l’homme » - Sept
29 À l’issue d’un plaidoyer coordonné par Crisis Action, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU charge un groupe d’experts sur le Yémen d’enquêter sur les violations contre les civils - Nov
4 Les rebelles houthis lancent des missiles sur Riyad ; les Saoudiens ripostent par des frappes aériennes sur Sanaa - Nov
6 La coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis impose un blocus à tous les points d’entrée au Yémen, y compris au port de Hodeidah - Déc
4 L’ancien Président, Ali Abdallah Saleh, est tué par les Houthis à Sanaa - Déc
6 Le Président Trump demande à l’Arabie saoudite l’arrêt immédiat du blocus imposé au Yémen - Déc
19 Crisis Action réunit une coalition de plus de 400 personnalités pour marquer les 1000 jours du conflit - Déc
20 Suite à cette action, l’Arabie saoudite annonce qu’elle lèvera le blocus imposé au Yémen
Chronologie 2018
- Jan
26 Le Groupe d’experts de l’ONU signale que toutes les parties ont commis de graves atteintes au droit international humanitaire - Mar-Avr Visite de Mohammed ben Salmane, prince saoudien héritier de la couronne, au Royaume-Uni, aux États-Unis et en France. Après un vote au Sénat américain, les États-Unis continuent de soutenir le rôle joué par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis au Yémen
- Juin
13 Des troupes yéménites appuyées par les forces de la coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis lancent une attaque contre la ville portuaire de Hodeidah
Notre impact
Des progrès contre l’impunité
Pour que les attaques cessent et que des progrès soient réalisés en faveur de la paix, les partenaires de Crisis Action ont estimé qu’il fallait démontrer aux parties au conflit yéménite que leur comportement ne serait pas sans conséquence. Cherchant à prévenir de nouvelles violations et à lutter contre l’impunité, Crisis Action a œuvré avec ses partenaires pour convaincre le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU d’ouvrir une enquête sur les atteintes aux droits humains commises au Yémen.
À l’approche d’une réunion importante du Conseil, Crisis Action a contribué à coordonner un appel conjoint de 67 ONG de quatre continents, que le Haut-Commissaire a cité dans son discours inaugural. Nous avons également coordonné une série d’activités à Paris avant que le vote n’ait lieu – y compris un plaidoyer privé, des actions médiatiques et une campagne sur les réseaux sociaux avec Avaaz – activités qui, d’après des responsables français, ont contribué à faire avancer la réflexion de leur gouvernement. Des décideurs politiques américains et britanniques nous ont également confié que nos initiatives conjointes avaient incité les hauts responsables politiques à accorder une plus grande importance à cette question.
Lors de la réunion de septembre, le Conseil a mis en place un mécanisme indépendant chargé d’enquêter sur les violations graves des droits humains au Yémen. Le Groupe d’éminents experts sur le Yémen est le premier mécanisme de lutte contre l’impunité à avoir été instauré au Yémen et, malgré des pressions intenses, il s’est vu attribuer un mandat robuste.
Nos partenaires nous ont confié qu’ils espéraient que le Groupe d’experts empêcherait les violations et améliorerait la sécurité des ONG yéménites. En particulier, Abdulrasheed Al-Faqih, directeur de l’un de nos partenaires yéménites, l’organisation de défense des droits humains Mwatana, nous a adressé ses remerciements, précisant que cette initiative lui redonnait la confiance nécessaire pour rentrer d’exil.
Levée du blocus
Le blocus du port de Hodeidah, imposé en novembre 2017 par la coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU), a eu des répercussions désastreuses sur les populations civiles, empêchant la grande majorité de l’approvisionnement en denrées alimentaires, en carburant et en fournitures médicales d’entrer dans le pays, ce qui a exacerbé une situation humanitaire déjà désespérée et affecté des millions de personnes qui avaient besoin d’aide humanitaire.
En réponse, Crisis Action a coordonné une série d’événements aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France, dont une lettre conjointe de 19 ONG au secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, demandant la levée du blocus, une lettre similaire de 25 ONG au ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, et une déclaration conjointe de six de nos partenaires ONG au Président Macron. Nous avons organisé des réunions pour nos partenaires avec des responsables politiques au Royaume-Uni, aux États-Unis et en France ; organisé et contribué à un débat d’urgence au Parlement britannique avec le député Andrew Mitchell, qui a également rédigé une tribune dans le journal britannique du week-end au plus fort tirage ; et appuyé un coup médiatique d’Oxfam et Save the Children à Londres.
Je réalise des peintures sur les murs de Sanaa afin que l’on n’oublie pas les victimes innocentes de la guerre brutale qui sévit au Yémen. Crisis Action a attiré l’attention des médias sur mon travail, et aujourd’hui le monde entier ne peut que faire face à l’horreur qui frappe ma ville.
Artiste de rue yéménite
Mi-décembre, Crisis Action a suscité la formation d’une coalition d’une diversité remarquable réunissant d’éminentes personnalités pour demander au Président Trump, à la Première ministre May et au Président Macron d’intervenir de toute urgence pour stopper l’avancée de la famine et réclamer des pourparlers de paix avant que le 1000ème jour de combats ne soit atteint. Des responsables politiques des trois pays nous ont confié que cette déclaration commune éloquente de plus de 430 personnalités publiques, dont des lauréats du prix Nobel de la paix, d’anciens ministres des Affaires étrangères, des athlètes, des célébrités, des dignitaires religieux et des dirigeants du monde des affaires, ainsi qu’une campagne en ligne avec le hashtag #YemenCantWait (Le Yémen ne peut attendre), avait contribué à placer le Yémen sur l’agenda diplomatique.
Le lendemain de la déclaration, la coalition menée par l’Arabie saoudite et les Emirats a annoncé la levée de son blocus ; peu après, 400 000 tonnes d’aide alimentaire étaient acheminées. Des personnalités de premier plan nous ont confié qu’il ne faisait aucun doute que le blocus avait été levé grâce aux pressions externes exercées sur l’Arabie saoudite – plus particulièrement par le Royaume-Uni et les États-Unis ; et que le Royaume-Uni en particulier considérait le Yémen comme une question prioritaire du fait des campagnes menées par la société civile.
Faire passer le Yémen en une des médias
Crisis Action a collaboré avec ses partenaires ONG et d’autres alliés afin que la question du Yémen, qualifiée par certains analystes de « guerre oubliée », fasse la une des journaux et apparaisse dans les éditoriaux des principaux organes médiatiques mondiaux. Les efforts déployés à cet égard, ainsi que le plaidoyer coordonné de partenaires ONG, ont aidé Crisis Action à exercer des pressions politiques sans précédent sur le Royaume-Uni, les États-Unis et la France afin que ces pays tirent parti de leur influence sur l’Arabie saoudite et les Emirats pour que la guerre prenne fin.
Au cours de l’année écoulée, le Royaume-Uni a été plus disposé à user de son influence sur l’Arabie saoudite, tant à titre public que privé. Un responsable politique britannique nous a ainsi confié : « Les pressions des ONG devant le Parlement et dans les médias […] nous amènent à revoir notre relation actuelle avec l’Arabie saoudite. » Entre-temps, des responsables politiques français nous ont indiqué que la mobilisation des ONG appuyée par Crisis Action avait joué un rôle important pour faire du Yémen une priorité de politique étrangère de la France.
Un ancien ambassadeur des États-Unis au Yémen a ainsi commenté une tribune rédigée par une militante des droits humains yéménite que nous avons aidé à placer dans le New York Times : « Superbe ; ce type de commentaire authentique est capable d’atteindre les responsables politiques d’une manière inédite. » Un universitaire expert du Yémen nous a confié qu’une autre tribune appuyée par Crisis Action contenait « tout ce qu’il y avait à dire » sur les moyens de surmonter nombre des difficultés politiques qui entravent la résolution du conflit.
En novembre, Crisis Action a facilité l’envoi par un groupe d’ONG américaines d’une lettre au secrétaire d’État Tillerson, à l’ambassadrice à l’ONU Haley, au conseiller à la sécurité nationale McMaster et au secrétaire en charge de la défense Mattis leur demandant de répondre à la crise au Yémen. Cette lettre a été couverte par CNN, après quoi le département d’État a convié Crisis Action et nos partenaires à une réunion mensuelle avec le sous-secrétaire d’État et le responsable de l’Agence américaine pour le développement international afin d’échanger sur les moyens de mettre fin au conflit et à la crise humanitaire. Le sous-secrétaire d’État a remercié à maintes reprises les participants à cette réunion d’avoir contribué à éclairer le gouvernement américain et de l’avoir encouragé à continuer à faire pression sur la coalition menée par l’Arabie saoudite et les Emirats.
Mise en garde contre le lancement d’une attaque contre Hodeidah
En juin, alors que les Emirats arabes unis et leurs alliés semblaient prêts à lancer une attaque planifiée de longue date contre la ville portuaire yéménite de Hodeidah, par laquelle transitent plus de 70 % des denrées alimentaires et du carburant importés, Crisis Action a œuvré à sensibiliser les médias aux dangers d’une telle attaque et à faire pression sur les États-Unis et le Royaume-Uni afin qu’ils convainquent les Emirats de renoncer. Avec nos partenaires, nous avons permis une large couverture mondiale des répercussions humanitaires d’une telle attaque dans les principaux médias américains, britanniques et français.
Crisis Action est l’une des organisations de plaidoyer les plus efficaces du monde humanitaire. Le travail qu’elle réalise pour éduquer et mobiliser les responsables politiques, les médias et les citoyens bienveillants sur des crises difficiles et oubliées fait toute la différence. Des millions de vies sont épargnées grâce à son action.
Résidente et coordinatrice humanitaire de l’ONU au Yémen
Cette attention médiatique sans précédent, conjuguée aux pressions exercées par les législateurs occidentaux sur l’Arabie saoudite et les Emirats, ont incité les États-Unis à refuser d’accorder aux Emirats le soutien militaire qu’ils leur demandaient et, à la mi-juin, seule une attaque de faible ampleur, rapidement avortée, a eu lieu. Lors de la mise sous presse de ce rapport, une attaque d’envergure était toujours en suspens et Crisis Action continue à travailler avec ses partenaires pour soutenir les efforts de l’Envoyé spécial de l’ONU pour apaiser les tensions de manière pacifique.
La coordinatrice humanitaire de l’ONU au Yémen a informé Crisis Action que non seulement notre mobilisation avait contraint l’Arabie saoudite et les Emirats à réaliser qu’ils ne pouvaient attaquer Hodeidah en toute impunité, mais que ce temps de réflexion avait aussi donné à l’Envoyé spécial l’opportunité de négocier un cessez-le-feu formel.
Radhya Al-Mutawakel
Organisation de défense des droits humains Mwatana
Je suis issue d’une famille qui a cherché à développer ma sensibilité politique dès mon plus jeune âge. Mon père, un universitaire, m’a convaincu de consacrer ma vie à œuvrer pour un monde meilleur.
Quand j’ai rencontré mon mari, Abdulrasheed, nous nous sommes sentis liés par le sentiment qu’après des années de combats, la défense des droits humains était le seul moyen de changer les choses. Il est désormais plus important que jamais de les promouvoir.
Le Yémen se trouve aujourd’hui dans un état d’effondrement total. Je porte sur mes épaules le poids des récits dont on me fait part depuis le début de la guerre. Nous faisons tout notre possible pour documenter et faire entendre les voix des victimes et des survivants des atteintes aux droits humains commises aux quatre coins du pays. L’un de mes objectifs est d’élaborer une mémoire des droits humains sur laquelle pourront s’appuyer de futurs travaux de justice et de lutte contre l’impunité au service du peuple yéménite.
Malgré les menaces croissantes émanant du gouvernement et d’autres acteurs qui préféreraient que nous nous taisions, nous continuons de présenter notre travail haut et fort. Avec l’aide de Crisis Action, nous avons accès aux responsables politiques les plus influents au monde, œuvrant pour que les pressions et actions nécessaires viennent à bout de la crise yéménite. C’est grâce à cette aide que je suis devenue la première représentante de la société civile yéménite à intervenir devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Contrairement à d’autres organisations, Crisis Action veille à ce que des personnes comme moi, qui ont une expérience directe du conflit, soient mises en avant et mènent la conversation.
Collaborer avec Crisis Action nous a permis de faire rapidement des progrès énormes. Je n’ai jamais vu d’organisation qui soit capable d’établir des réseaux et de mobiliser différents acteurs avec une telle efficacité, et j’ai aussi beaucoup de respect pour tous ses partenaires, des grandes ONG internationales aux petites organisations à l’échelle de la nôtre.
Alors que nous continuons de documenter les violations commises par toutes les parties au conflit au Yémen et à faire campagne pour une paix tant attendue, nous prouvons ensemble que le véritable pouvoir, c’est celui de l’information.
Collaborer avec Crisis Action nous a permis de faire rapidement des progrès énormes. Je n’ai jamais vu d’organisation qui soit capable d’établir des réseaux et de mobiliser différents acteurs avec une telle efficacité, et j’ai aussi beaucoup de respect pour tous ses partenaires, des grandes ONG internationales aux petites organisations à l’échelle de la nôtre.
Soudan du Sud
En juillet 2017, la Fête de l’indépendance du Soudan du Sud se soldait une fois encore par une effusion de sang. Le pays avait obtenu son indépendance six ans plus tôt, dont quatre marqués par la guerre suite à l’échec de l’accord sur le partage du pouvoir de 2015 entre les factions dirigées par le Président Salva Kiir, et Riek Machar, alors Vice-Président.
La guerre civile avait déclenché une famine et doublé le nombre de réfugiés, qui étaient désormais près de deux millions. D’après les estimations, deux tiers des femmes avaient subi des violences sexuelles et 1,8 million d’enfants n’avaient pas accès à l’éducation. Tout au long de l’année, Crisis Action a aidé la société civile sud-soudanaise à façonner et entretenir un nouveau processus de paix correspondant mieux au vécu et aux aspirations des populations civiles.
Chronologie 2017
- Juin
12 L’IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement) instaure un Forum de revitalisation de haut niveau (HLRF) pour renforcer l’accord de paix de 2015 - Sept
6 Les États-Unis imposent des sanctions à trois représentants du gouvernement et à trois entreprises détenues ou contrôlées par l’ancien Vice-Président Machar - Sept
20 Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) adopte une résolution visant à prendre des mesures punitives à l’égard du Soudan du Sud - Déc
18-21 La première phase du HLRF conduit à la signature d’un accord sur l’arrêt des hostilités
Chronologie 2018
- Jan
22-29 Un communiqué du sommet de l’UA accuse les parties d’avoir enfreint le cessez-le-feu - Fév
2 L’UE inflige des sanctions à trois représentants du gouvernement sud-soudanais et les États-Unis imposent au pays un embargo unilatéral sur les armes - Fév
5-16 La deuxième phase du HLRF se conclut sans accord signé ; cependant, toutes les parties paraphent une clause relative à l’application d’un quota de genre de 35 % minimum à tous les niveaux décisionnels - Fév
23 La Commission sur les droits de l’homme au Soudan du Sud signale un niveau de violence effroyable à l’encontre des populations civiles, notamment des violences sexuelles et de genre - Mar
21 Les États-Unis imposent des sanctions à 15 compagnies pétrolières sud-soudanaises qui fournissent des fonds importants au gouvernement - Juin
20-21 Première rencontre en près de deux ans entre le Président Kiir et le chef de l’opposition, Riek Machar - Juin
27 Les parties belligérantes conviennent d’un cessez-le-feu permanent dans la « Déclaration de Khartoum », négociée par le Président soudanais Bashir - Juil
13 Le Conseil de sécurité des Nations unies impose au Soudan du Sud un embargo sur les armes
Notre impact
Renforcer la société civile
Tout au long de la période couverte par ce rapport, Crisis Action a œuvré sans relâche afin d’aider la société civile sud-soudanaise, et notamment les groupes de jeunes et de femmes, à apporter une contribution pertinente et efficace à une nouvelle série de pourparlers de paix. La dynamique de négociation a ainsi amorcé un tournant décisif. En effet, lors des précédents pourparlers de paix, les parties rivales avaient coopté et divisé les représentants de la société civile. Cette fois-ci, ces derniers étaient bien plus unis, indépendants et capables d’exiger des comptes aux parties
À l’approche de la première série de pourparlers – appelés « Forum de revitalisation de haut niveau » (HLRF en anglais) – en décembre 2017, Crisis Action, la South Sudan Law Society, Oxfam, Justice Africa et Norwegian People’s Aid, ont réuni un ensemble hétérogène d’acteurs de la société civile sud-soudanaise au sein d’un nouveau groupe, le South Sudan Civil Society Forum. Ce groupe reconnaissait les différences entre tous les membres mais partageait un objectif commun : parvenir à un accord de paix remanié et effectif.
Crisis Action a aidé dix-neuf coalitions de la société civile à élaborer le document « Civil Society Options Paper on the IGAD High-Level Revitalization Forum » (document de propositions de la société civile concernant le Forum de revitalisation de haut niveau de l’IGAD), que les responsables politiques ont salué comme ne se contentant pas de vagues déclarations de soutien à l’égard de la paix, mais offrant des propositions spécifiques mettant en question la position du gouvernement sud-soudanais. Ce document s’est accompagné d’un communiqué présentant ce que la société civile attendait des pourparlers.
Les véritables garants d’une paix durable sont les citoyens. C’est ce qui rend absolument inestimable le travail de Crisis Action axé sur le soutien à la société civile sud-soudanaise. L’organisation veille à ce que toutes les parties aux pourparlers de paix se concentrent sur les citoyens ordinaires qui réclament la paix.
Secrétaire administratif principal, ministère kenyan des Affaires étrangères
Une meilleure représentation des femmes a constitué un élément particulièrement important et inédit de l’engagement de la société civile en 2017-18. Grâce en partie aux travaux de coordination et au soutien de Crisis Action, sept femmes ont participé à la première phase des pourparlers de paix et leur nombre est allé croissant, plusieurs dirigeantes d’associations de femmes, dont certaines avaient travaillé avec ou été aidées par Crisis Action, réclamant une plus grande implication des femmes.
Les acteurs de la société civile ont également organisé des actions collectives qui ont marqué l’opinion et la sphère politique, notamment une marche silencieuse à Juba de femmes portant un ruban adhésif sur la bouche (couverte par Al Jazeera, Radio Tamazuj, la BBC et Voice of America) ; et une campagne #SouthSudanIsWatching, amplifiée par des panneaux publicitaires à Juba, et relayés par des personnalités politiques de premier plan, dont le président de l’Union africain et le ministre éthiopien des Affaires étrangères.
Crisis Action a aidé la société civile sud soudanaise à devenir une force incontournable face aux belligérants, nous obligeant à épuiser toutes les possibilités pour mettre fin aux combats.
Envoyé Spécial de l’IGAD
Contribuer à l’arrêt des hostilités
Les efforts collectifs et les travaux de coordination sans précédent ont porté leurs fruits : en décembre 2017, les négociateurs convenaient d’un arrêt des hostilités historique pour le Soudan du Sud. Le rôle joué par la société civile pour maintenir les pourparlers sur le droit chemin a été largement reconnu. Un médiateur a ainsi déclaré : « Sans la société civile, [les pourparlers de paix] risquaient d’être aujourd’hui anéantis. »
Malgré de nombreuses violations, l’accord sur l’arrêt des hostilités a entraîné une nette réduction de la violence. Lors des quatre premiers mois qui ont suivi les pourparlers (la saison sèche, pendant laquelle les combats sont généralement les plus acharnés), environ 400 personnes ont été tuées dans le conflit armé, contre environ 1800 sur la même période un an auparavant, soit une baisse de 78 % du nombre de victimes.
Dans le contexte mondial actuel, les travailleurs et opérations humanitaires sont confrontés à des risques d’attaque de plus en plus importants. En rapprochant les agences d’aide humanitaire et en soutenant nos efforts, Crisis Action joue un rôle crucial en augmentant l’assistance et la protection dont peuvent bénéficier les civils pris au piège en zone de guerre
Directeur Partenariats et Politique, Norwegian Refugee Council (NRC)
Influencer les sanctions imposées par l’UE
Parallèlement aux travaux concertés menés avec la société civile, Crisis Action a facilité des actions médiatiques ciblées et un plaidoyer privé de nos partenaires ONG à Bruxelles et dans des capitales européennes afin d’influencer la position de l’UE concernant le Soudan du Sud, et surtout d’inciter la France à revenir sur son opposition aux sanctions. Crisis Action a contribué à faire paraître une tribune particulièrement opportune dans Le Monde, rédigée par un ancien ambassadeur canadien au Soudan du Sud, Nick Coghlan, juste avant une réunion de haut niveau à Bruxelles. Plusieurs représentants d’États membres de l’UE ont affirmé que notre travail avait contribué à convaincre la France de revenir sur sa position et, lors de cette réunion, l’UE a convenu de sanctionner trois représentants du gouvernement sud-soudanais responsables de violences contre des civils.
Développer une solidarité mondiale avec les femmes du Soudan du Sud
À l’occasion de la Journée mondiale de l’Afrique du 25 mai 2018, Crisis Action a organisé le sommet SawaSouthSudan ; sawa signifie « ensemble » en arabe. Il s’agissait du tout premier sommet virtuel rapprochant via Internet des citoyens et des représentants de la société civile sud-soudanaise, ainsi que d’autres activistes et responsables politiques. Parmi les participants figuraient notamment Ellen Johnson Sirleaf, ancienne Présidente du Libéria ; Rebecca Garang, une responsable politique sud-soudanaise influente ; Julie Bishop, ministre australienne des Affaires étrangères ; Amina Mohammed, vice-secrétaire générale de l’ONU ; Mary Robinson, ancienne Présidente d’Irlande et ancienne Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme ; et Oby Ezekwesili, fondatrice de la campagne #BringBackOurGirls.
Le sommet, habilement présidé par la star des médias kenyans Julie Gichuru, s’appuyait sur un format innovant associant un débat en studio en direct, une retransmission radiophonique à travers le Soudan du Sud et une participation d’activistes par le biais de Facebook, WhatsApp et Twitter, ce qui lui a permis d’atteindre près de 15 millions d’individus dans 72 pays.
Les participants ont demandé au Président rwandais, Paul Kagamé, d’user de sa qualité de président de l’Union africaine pour mener de nouveaux efforts en faveur de la paix au Soudan du Sud ; pour que soit organisée une rencontre entre le Président Kiir et le chef de l’opposition, Riek Machar ; et pour que les dirigeants de la région nouent des liens bilatéraux avec ces deux hommes. En l’espace d’un mois, ces trois demandes avaient été satisfaites et, fin juin 2018, toutes les parties au conflit prenaient part à un processus de paix, donnant l’espoir qu’une paix durable soit réalisable.
Réclamer à l’ONU un embargo sur les armes et des sanctions ciblées
En juin 2018, Crisis Action a coordonné le déplacement d’une délégation de représentantes de la société civile sud-soudanaise à New York dans le but de convaincre les membres du Conseil de sécurité de l’ONU d’imposer un embargo total sur les armes au Soudan du Sud ainsi que des sanctions ciblées aux individus qui mettent à mal le processus de paix.
Cette délégation a ainsi pu présenter directement ses points de vue quant aux progrès réalisés au niveau des pourparlers de paix, décrire la détérioration de la situation humanitaire à laquelle les populations civiles sud-soudanaises sont confrontées et exposer clairement les risques sérieux encourus par les menaces vides de sens répétées de la communauté internationale à l’encontre des dirigeants sud-soudanais.
En juillet, les appels de cette délégation étaient entendus et le Conseil de sécurité de l’ONU imposait un embargo sur les armes au Soudan du Sud ainsi qu’une interdiction de voyager et un gel des avoirs à deux chefs militaires de premier plan.
Les Sud-Soudanais ont commencé à s’éloigner d’un schéma où ce sont les hommes armés qui déterminent la trajectoire du pays, en privilégiant désormais les intérêts des innombrables individus en souffrance et des citoyens ordinaires. Crisis Action a joué un rôle majeur dans cette lutte, notamment en mobilisant de nouveaux alliés pour œuvrer à nos côtés dans notre quête de la paix.
Représentante des jeunes, Commission mixte de suivi et d’évaluation au Soudan du Sud
Manasseh Mathiang
Activiste, cofondateur d’Ana Taban
Cela m’a fait beaucoup de mal de devoir fuir de chez moi pour la seconde fois. J’ai grandi en tant que réfugié et suis revenu au Soudan du Sud quelques semaines à peine après que nous avions voté pour notre indépendance en 2011. J’ai créé une société de marketing qui commençait à bien marcher. J’étais enthousiaste à la perspective d’être un acteur du développement du Soudan du Sud.
Mais la violence croissante a détruit tout espoir de voir mon rêve se réaliser.
La seconde fois que j’ai fui, deux ans après mon retour, je me suis promis que mes enfants ne grandiraient pas en exil comme moi, en ignorant ce que signifie être chez soi. Depuis, j’ai la chance d’avoir eu deux enfants, et suis triste qu’ils soient tous les deux nés loin de leur pays.
C’est ce sentiment qui nous a incités à créer Ana Taban : de la frustration, de la colère, et un désir d’agir pour faire du Soudan du Sud un pays dont nos enfants pourront réellement profiter. Nous nous servons de l’art, des réseaux sociaux, de la musique et des manifestations publiques pour sensibiliser les Sud-Soudanais à leur réalité – et leur montrer qu’ils sont capables de faire avancer les choses.
Dans un climat marqué par tant de frictions et de méfiance, le risque était de voir la société civile se diviser. Nous voulions nous assurer d’être unis, veiller à ce que le peuple tout entier puisse construire la paix.
Crisis Action, en collaboration avec d’autres organisations, a contribué à la réalisation de cet objectif : elle nous a aidés à créer le South Sudan Civil Society Forum et la campagne #SouthSudanIsWatching, qui continue de montrer aux dirigeants que la communauté sud-soudanaise ne somnole pas. Nous observons tous leurs faits et gestes.
Lors de l’une de nos manifestations de rue, une dame m’a confié : « Vous êtes la voix de la jeunesse que nous attendions tant. Continuez de parler en notre nom, restez courageux. » Je ne cesse de penser à ces paroles, et suis intimement convaincu de notre capacité à nous unir de nouveau en tant que nation. C’est ce qui me fait avancer.
Crisis Action, en collaboration avec d’autres organisations, a contribué à la réalisation de cet objectif : elle nous a aidés à créer le South Sudan Civil Society Forum et la campagne #SouthSudanIsWatching, qui continue de montrer aux dirigeants que la communauté sud-soudanaise ne somnole pas. Nous observons tous leurs faits et gestes.
Nos travaux sur le genre
Du Soudan du Sud à la Birmanie, en passant par la Syrie et le Yémen, les rôles de genre affectent l’évolution des conflits, la manière dont les populations civiles sont affectées et la façon dont la paix se construit.
En 2017, Crisis Action s’est engagé à travailler de manière plus stratégique sur les questions de genre dans les campagnes que nous coordonnons. Il s’agit notamment de répondre aux différents défis et menaces auxquels font face les personnes de différents genres dans les conflits sur lesquels nous travaillons ; de combattre, de prévenir et d’éliminer l’impunité en cas de violence sexuelle et de genre ; et de faire campagne pour que des changements soient mis en place qui permettront aux femmes de s’émanciper et de progresser vers une égalité de genre accrue.
Crisis Action s’est fixé pour objectif d’œuvrer avec nos partenaires ONG et nos alliés pour favoriser la représentation et l’inclusion des femmes dans tous les forums, et plus particulièrement les processus de paix. Nous voulons également attirer l’attention à travers nos campagnes sur le vécu des femmes et des hommes dans les zones de guerre, en mettant l’accent sur la violence sexuelle et de genre.
En janvier 2018, Crisis Action a collaboré avec ses partenaires sud-soudanais pour organiser un forum des dirigeantes d’associations de femmes afin de discuter de leurs attentes à l’égard des pourparlers de paix. Réunie en Ouganda, la coalition avait pour objectif de concevoir sa propre vision de la paix, différente de celle qui était alors proposée.
Parmi les propositions formulées : confier la moitié des postes gouvernementaux à des femmes ; imposer des limites de mandat et respecter la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ; veiller à ce qu’aucune personne soupçonnée de crimes de guerre n’occupe un poste au sein du gouvernement ; s’assurer qu’aucun des deux genres ne domine dans les postes haut placés dans les trois branches du gouvernement ; et qu’aucune « tribu ou communauté » ne détienne plus de 20 % des postes gouvernementaux.
Du fait du large éventail d’organisations de la société civile avec lesquelles nous travaillons, les médiateurs des pourparlers de paix ont demandé conseil à Crisis Action sur les personnes qui mériteraient d’être présentes aux négociations. Nous avons ainsi veillé à ce que la moitié des représentants de la société civile conviés soient des femmes.
La participation de ces femmes a été salué comme ayant permis la tenue de propos équilibrés du point de vue du genre, dont un engagement à « ne pas exclure ou défavoriser les femmes et les filles dans la mise en œuvre d’un quelconque point de cet accord (de paix)» et des dispositions spécifiques en vertu desquelles la violence sexuelle serait considérée comme une violation de l’accord.
À noter que la revendication visant l’attribution à des femmes de la moitié des postes au sein des structures de l’État, bien qu’elle soit passée à 35 % après négociation, a été officialisée dans l’accord à l’issue de la troisième série de pourparlers ; elle offre la perspective d’une nation post-conflit plus progressive et moins inégalitaire.
Syrie
En mars 2018, le conflit en Syrie entrait dans sa huitième année. Depuis le soulèvement pacifique de mars 2011, 400 000 civils ont été tués et plus de 12 millions – soit plus de la moitié de la population – ont été déplacés, entraînant la plus grave crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale.
Ce conflit est même devenu une crise géopolitique mondiale opposant la Russie à l’Occident, et attirant d’autres pays de la région dans son orbite. Au cours de l’année écoulée, Crisis Action a lourdement investi dans l’élaboration et l’appui de coalitions visant à accroître l’accès humanitaire, empêcher les attaques contre les civils et réclamer un dialogue politique inclusif propice à la paix.
Chronologie 2017
- Juil
7 Les États-Unis, la Russie et la Jordanie conviennent d’œuvrer à un cessez-le-feu dans une zone restreinte du sud-ouest de la Syrie - Sept
14-15 La Russie, la Turquie et l’Iran se réunissent à Astana et conviennent de certaines zones de désescalade - Nov
16 La Russie oppose son veto à une résolution de l’ONU reconduisant le mécanisme conjoint d’enquête sur les armes chimiques - Déc
14 La huitième session des pourparlers de paix de Genève se conclut sans qu’aucun progrès n’ait été réalisé - Déc
19 L’ONU renouvelle la résolution permettant l’aide transfrontalière suite au plaidoyer coordonné par Crisis Action
Chronologie 2018
- Jan
29-30 Les États-Unis annoncent qu’ils attribuent un financement de 350 000 dollars au mécanisme d’enquête sur les crimes de guerre en Syrie suite aux campagnes d’ONG appuyées par Crisis Action - Jan
31 Aucun progrès n’est enregistré à l’issue des pourparlers de paix organisés par la Russie à Sotchi - Fév 18
-
Avr 14 Le régime syrien lance une attaque militaire dans la Ghouta orientale, aux mains des rebelles ; les frappes aériennes et d’artillerie font plus de 1700 morts - Fév
24 Après une campagne d’ONG concertée, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte la résolution 2401 exigeant un cessez-le-feu, mais les attaques se poursuivent - Avril
7 Une quarantaine de personnes au moins auraient été tuées lors de l’attaque chimique à Douma - Avril
14 En riposte à l’attaque de Douma, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France lancent des frappes contre des cibles en Syrie - Juin
19 L’Iran, la Russie et la Syrie tiennent des pourparlers à Genève sur un nouveau comité constitutionnel en Syrie
Notre impact
Défendre l’aide transfrontalière
En octobre 2017, la Russie a commencé à remettre en question la nécessité d’une aide transfrontalière continue vers la Syrie, faisant valoir, à tort, que l’aide pouvait transiter par les voies autorisées par le gouvernement syrien. Chaque mois depuis 2014, près de 2,8 millions de Syriens bénéficiaient d’opérations transfrontalières vitales qui contournaient les voies officielles du régime. L’arrêt de cette aide aurait eu de graves répercussions.
Afin de convenir d’une stratégie commune, Crisis Action a travaillé en étroite collaboration avec le Syria International NGO Regional Forum (Forum Régional Syrie des ONG Internationales), dont les 58 membres comprennent entre autres Action Contre la Faim, CARE, Handicap International, Médecins du Monde, Oxfam, et la Syrian American Medical Society (SAMS). Grâce à une coordination étroite avec les États membres de l’ONU favorables au renouvellement de l’aide transfrontalière, Crisis Action a veillé à ce que le plaidoyer des ONG appuie leurs efforts.
En aidant nos partenaires ONG à effectuer une intervention privée mettant en avant l’importance humanitaire de renouveler l’aide, tout en se gardant de s’exprimer publiquement, nous avons réduit le risque de rejet d’une résolution sur le maintien de l’aide transfrontalière au prétexte qu’elle émanerait de l’ONU ou serait « politisée », et avons contribué à accentuer l’isolement de la Russie à l’ONU sur cette question.
Ces efforts collectifs ont porté leurs fruits : en décembre, le Conseil de sécurité prorogeait l’aide transfrontalière pour une durée d’un an. Les diplomates ont applaudi les travaux de coordination de Crisis Action et reconnu que nous avions contribué à la négociation du texte. Depuis l’adoption de la résolution, au moins 300 camions humanitaires transitent chaque mois par les points de passage autorisés, permettant à plus de deux millions de personnes de bénéficier d’une aide vitale.
Je suis Syrien, réfugié et footballeur. Avec le soutien de Crisis Action, je suis aujourd’hui fier d’être également un activiste, et de mener un appel visant à ce que la Russie paie pour ses actions en Syrie.
Équipe de football Diaspora SAWA Football Team
Obtenir le financement par les États-Unis d’un instrument de lutte contre l’impunité
Le Mécanisme international, impartial et indépendant (IIIM) sur les crimes commis en Syrie est un instrument pionnier mis en œuvre par l’ONU en décembre 2016 pour enquêter sur les responsables d’atteintes au droit international depuis le début du conflit et les poursuivre en justice.
Depuis sa création, Crisis Action collabore avec ses partenaires ONG afin de réclamer un financement de l’IIIM par les États-Unis, en reconnaissance du fait qu’une contribution américaine même purement symbolique représenterait un message politique puissant. Une lettre conjointe de 11 ONG – dont Amnesty International, CARE USA, IRC et Oxfam America – a été suivie de réunions de plaidoyer privées avec nos partenaires à la Maison-Blanche.
Le plaidoyer conjoint a été efficace : en 2018, l’administration Trump a convenu d’octroyer 350 000 dollars pour soutenir les travaux de l’IIIM. Cette participation est particulièrement significative vu les réductions budgétaires qu’appliquent les États-Unis dans d’autres domaines relatifs à l’ONU et à la Syrie. Des représentants de la Maison-Blanche ont remercié Crisis Action d’avoir maintenu la pression sur cette question avec l’aide de nos partenaires.
Les Syriens se sentent souvent seuls et ignorés. Crisis Action nous aide sans relâche à communiquer nos revendications et nos aspirations directement aux responsables politiques aux plus hauts niveaux ; il est ainsi impossible de nous ignorer.
Directeur exécutif, Syrians for Truth and Justice et We Exist!, alliance d’organisations d’activistes syriens
Empêcher l’octroi inconditionnel de fonds pour la reconstruction de la Syrie
En septembre 2017, Crisis Action a appris que la Russie faisait pression sur des agents de l’ONU et des diplomates occidentaux afin qu’ils accordent des fonds pour la reconstruction de la Syrie en l’absence d’un accord politique. Crisis Action a rapidement mobilisé ses partenaires et organisé la rédaction d’une lettre – signée par plus d’une centaine d’ONG syriennes, régionales et internationales – soulignant combien il serait dangereux de renoncer à l’effet de levier en faveur d’une solution politique et de financer la perpétuation des combats. Cette lettre a été adressée au Secrétaire général de l’ONU, à la Haute-Représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et aux ministres des Affaires étrangères du Royaume-Uni, des États-Unis et de la France.
À l’issue de cette lettre, les dirigeants européens et américain ont déclaré leur intention de ne pas octroyer de fonds inconditionnels. La Haute-Représentante Federica Mogherini a annoncé que l’UE « ne passera de ces activités de soutien précoce à une (aide à la) reconstruction que lorsqu’un accord politique crédible et inclusif aura été mis en œuvre à Genève ». Des hauts fonctionnaires de l’ONU et des représentants de la France nous ont confié en privé que cette initiative avait été particulièrement opportune et efficace.
Changer le récit en Russie
La Russie est un acteur majeur du conflit syrien, qui fournit un soutien militaire et politique crucial au régime Assad.
À l’intérieur du pays, cette guerre est bien vue, et elle renforce l’image d’acteur mondial du Président Poutine. Les médias d’État russes contribuent à cette dynamique en diffusant des informations partiales et souvent inexactes. Les journalistes indépendants en Russie peinent à couvrir la question syrienne car ils ont du mal à accéder à des informations objectives, ne parlent pas la langue et ne savent pas qui croire.
L’atelier à Beyrouth que Crisis Action a facilité avec Carnegie Middle East a provoqué une véritable prise de conscience parmi les médias et la société civile russes quant aux expériences des civils directement affectés par la guerre en Syrie.
Auteur et journaliste tchétchène primée, member du Memorial Human Rights Center
Pour remédier à ce problème et permettre une couverture russe plus complète et plus exacte du conflit, Crisis Action a organisé une table ronde de deux jours au Carnegie Middle East Centre à Beyrouth afin de mettre des journalistes russes en relation avec la société civile syrienne et d’encourager une collaboration. L’objectif est de favoriser un dialogue plus ouvert et objectif en Russie sur le rôle de la Russie en Syrie, afin d’amener le Président Poutine à réévaluer la liste des sujets que ses concitoyens sont prêts à soutenir.
Les journalistes conviés à la table ronde nous ont dit avoir été frappés par l’ampleur de la crise humanitaire, largement tue en Russie, et par les similitudes, à leurs yeux, entre les interventions russes en Syrie et en Tchétchénie. « Nous n’avions rien compris à la question syrienne », a confié l’un d’entre eux. L’impact de la rencontre commence à se faire sentir, avec la publication d’articles plus critiques sur le rôle de la Russie en Syrie, notamment dans Novaya Gazeta et Kommersant.
La coordination de Crisis Action a permis de veiller à la cohérence des efforts déployés par les États membres du Conseil de sécurité de l’ONU et les organisations humanitaires en vue du renouvellement du mandat de l’aide humanitaire transfrontalière en Syrie, ce qui a permis à trois millions de Syriens parmi les plus vulnérables de continuer de recevoir une aide vitale en 2018.
Ambassadeur de la Suède auprès du Conseil de sécurité de l’ONU
Une tactique innovante pour maintenir la Syrie à l’ordre du jour
Les Derniers Hommes d’Alep
Le film Les Derniers Hommes d’Alep raconte l’histoire de trois fondateurs des Casques blancs d’Alep, Khaled, Subhi et Mahmoud, dans les dernières semaines du siège de leur ville, alors qu’ils hésitent à se mettre en sécurité ou rester pour continuer à sauver des vies. Pendant l’été 2017, DocSociety a invité Crisis Action à élaborer une campagne autour de ce film pour sensibiliser l’opinion publique à la situation en Syrie et proposer des solutions.
En collaboration avec nos partenaires ONG, dont Physicians for Human Rights et la coalition d’organisations de la société civile syrienne WeExist, nous avons organisé des projections de haut niveau et des débats dans les principaux centres décisionnels, notamment au palais de Westminster, à l’Assemblée nationale française et aux Nations unies à New York. Avec nos partenaires, nous avons réuni d’éminents responsables politiques, le réalisateur du film, et des activistes syriens, pour raconter la réalité du conflit. Un diplomate de premier plan nous a dit que la projection à laquelle il avait été convié était l’événement sur la Syrie le plus impressionnant auquel il ait assisté.
Toujours avec nos partenaires, nous avons aussi conçu une campagne sur des plateformes multiples afin d’inciter les responsables politiques à agir. Des élections législatives venaient d’avoir lieu au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, et nous voulions faire en sorte que chaque parlementaire (ré)élu comprenne ce qu’il pouvait faire pour aider les Syriens.
Des sites Internet conçus spécifiquement pour chaque parlementaire britannique, français et allemand ont fait apparaître ce à quoi chaque circonscription ressemblerait si elle avait connu le même sort qu’Alep. Chaque député – près de 2000 au total – a reçu un courrier personnalisé du réalisateur du film, et, pour les plus influents d’entre eux, des morceaux de décombres provenant d’Alep pour illustrer de manière saisissante les ravages subis par cette ville. La campagne a également recouru à des publicités de sensibilisation locale sur Facebook pour attirer les électeurs vers une version publique du site, dans le but qu’ils portent la question devant leurs élus.
L’utilisation de récits à visage humain pour attirer l’attention des responsables politiques a été extrêmement efficace. Contraints de sortir de leur zone de confort, ils ont dû s’expliquer sur leur manque d’initiative sur cette question. À l’issue de la projection du film, des représentants britanniques, français et allemands de haut niveau ont déclaré leur engagement à rester fermes à l’égard des conditions à remplir avant que des fonds ne soient octroyés à la reconstruction et pour la lutte contre l’impunité.
Les panneaux publicitaires restent un outil efficace, je pense donc que c’est une idée très intéressante, l’idée selon laquelle des activistes font des déclarations de ce genre et les diffusent de cette manière... jusqu’aux bâtiments de l’ONU. Cela montre combien une image peut être puissante.
après avoir remporté l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans 'Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance'
Dans le cadre d’une autre intervention d’inspiration cinématographique et au vu des attaques dans la Ghouta orientale, Crisis Action a collaboré avec ses partenaires pour organiser une action publique devant le bâtiment de l’ONU.
En référence au film qui venait de sortir en salle, « Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance », trois camions ont fait le tour du bâtiment de l’ONU en adressant un message sévère au Conseil de sécurité : « 500 000 morts en Syrie. Et toujours aucune action ? Pourquoi, Conseil de sécurité ? »
Cette action a été très largement relayée par les médias du monde entier et des diplomates de l’ONU et des journalistes ont tweeté des photos de la scène en direct, ce qui a contribué à sensibiliser les représentants onusiens qui s’apprêtaient à voter sur la résolution et à leur montrer qu’il leur fallait absolument agir.
Le vote prévu pour ce jour-là a été retardé – signe que les pourparlers se poursuivaient. Deux jours plus tard, l’ONU adoptait la résolution 2401 exigeant un cessez-le-feu de 30 jours. Cependant, le régime syrien l’a ignorée et les attaques se sont poursuivies.
République Démocratique du Congo
Réponse d’urgence
En mars 2018, les violences à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), se sont intensifiées, des attaques soutenues par le gouvernement ayant été lancées contre des manifestants qui réclamaient la tenue d’élections avant la fin de l’année. La constitution interdit au président congolais, Joseph Kabila, de briguer un troisième mandat, mais les élections avaient déjà été retardées et le risque qu’elles n’aient toujours pas lieu avant la fin de l’année suscitait de fortes préoccupations tant dans le pays qu’à l’extérieur. Nos partenaires nous ont expliqué que ces troubles pourraient aggraver une situation humanitaire déjà déplorable. Crisis Action a donc décidé de lancer une réponse d’urgence pour prévenir de nouvelles violences et d’éventuelles atrocités de masse.
Notre impact
Influencer les relations des dirigeants de la région avec Kabila
Alors que les violences s’aggravaient en RDC, les partenaires et alliés de Crisis Action nous ont fait comprendre que le nouveau Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, serait particulièrement influent auprès du Président Kabila, notamment en raison de son statut de président de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), un bloc économique puissant dont la RDC est membre. Crisis Action a donc œuvré avec ses partenaires pour obtenir du Président Ramaphosa qu’il encourage le Président Kabila à quitter ses fonctions et permette une transition pacifique et rapide du pouvoir. L’idée était qu’une intervention publique du Président Ramaphosa inciterait d’autres dirigeants de la région à en faire autant.
À l’approche d’une réunion de la SADC fin avril, Crisis Action a facilité une lettre conjointe de 11 organisations de la diaspora sud-africaine, internationale et congolaise au Président Ramaphosa, lui demandant instamment d’user de son influence sur le Président Kabila pour l’encourager à respecter le calendrier électoral. Nous avons aussi collaboré avec des organisations de défense des droits humains pour préparer une série de réunions à Johannesburg avec des diplomates, des ONG et le ministère sud-africain des Affaires étrangères afin de démontrer la nécessité des élections et d’une intervention du Président Ramaphosa. À l’issue de ces réunions, nous avons aidé le directeur régional de Human Rights Watch à obtenir un entretien avec le grand journal sud-africain, le Mail & Guardian.
Les 24 et 25 avril, le Président Ramaphosa et d’autres chefs d’États de la SADC se sont réunis en Angola pour aborder avec le Président Kabila les besoins sécuritaires de la RDC et la crise électorale. Le communiqué externe, qui ne critiquait en rien la RDC, a déçu de nombreux partenaires ; cependant, des responsables politiques présents à cette réunion ont révélé que les discussions avaient été bien plus dures en privé, et que le Président Ramaphosa et le Président angolais João Lourenço avaient critiqué Joseph Kabila, et l’avaient exhorté à s’engager publiquement à quitter ses fonctions. Crisis Action a mis fin à sa réponse d’urgence à l’issue de cette réunion, mais notre bureau de Johannesburg continue de collaborer étroitement avec ses partenaires afin qu’il se maintiennent le dialogue avec le gouvernement sud-africain, et nous restons très vigilants concernant la situation toujours volatile en RDC.
Oby Ezekwesili
Cofondatrice du mouvement #BringBackOurGirls (Ramenez nos filles)
Le Dr Oby Ezekwesili est ancienne vice-présidente de la région Afrique de la Banque mondiale, ancienne ministre nigériane de l’Éducation et cofondatrice du mouvement #BringBackOurGirls (Ramenez nos filles).
Lorsque les filles de Chibok ont été enlevées dans leur pensionnat au beau milieu de la nuit, personne n’avait conscience de la tragédie qui venait de se produire. En apprenant la nouvelle le lendemain, je me suis sentie préoccupée et désemparée – mais également déterminée. L’enlèvement des filles de Chibok a été une tragédie humaine colossale, mais il a aussi permis de voir jusqu’où notre société pouvait aller pour protéger les plus vulnérables.
J’ai donc commencé à interroger le gouvernement. Mais personne ne m’a répondu. Dans les semaines qui ont suivi, alors que le président de l’époque n’avait même pas fait mention de l’enlèvement, j’ai lancé un dialogue à l’échelle mondiale. En co-animant un événement de l’UNESCO à Port Harcourt, j’ai appelé le public et le monde entier qui assistait à cette manifestation en direct à se joindre à moi pour exhorter le gouvernement nigérian à « ramener nos filles ». Le mouvement #BringBackOurGirls était né.
Même après mon initiative, le gouvernement a gardé un silence sinistre sur cette tragédie. Furieuse devant une telle indifférence, j’ai co-organisé, avec un groupe de femmes, une marche jusqu’à l’assemblée nationale dans la capitale, Abuja. Il a fallu trois ans, mais 107 des écolières sont rentrées.
Les défis mondiaux auxquels nous faisons face aujourd’hui me rappellent les débuts de notre campagne #BringBackOurGirls. Une tragédie indescriptible frappe actuellement la Syrie et le Soudan du Sud, mais les gouvernements semblent indifférents quant aux responsabilités qui leur incombent au niveau national et international. Si nous nous exprimons, ils essaient de nous faire taire. Nous vivons dans un monde de plus en plus imprévisible où l’ordre établi, basé sur le respect des normes, est en voie de disparition, sans que l’on sache ce qui viendra le remplacer. La démocratie elle-même semble être en recul et, avec elle, l’espace dédié à la société civile.
Il me faut citer une rare lueur d’espoir : la voix des femmes dans le domaine politique et au sein de la société est en train de se renforcer – une tendance qui se constate notamment en Afrique. Le rôle majeur des femmes commence enfin à être reconnu comme condition préalable au progrès. Mais alors que notre monde évolue, il nous faut nous organiser et collaborer de manière plus intelligente. Nous devons enfreindre les règles et être prêts à chambouler le cours des choses. Notre souci de l’humanité doit l’emporter sur notre souci du respect de la civilité.
L’énergie dont fait montre Crisis Action et l’approche stratégique qu’elle applique à la lutte contre les conflits à travers le monde constituent un modèle dont nous pouvons tous nous inspirer. Le sommet SawaSouthSudan, auquel j’ai fièrement participé, a parfaitement illustré cette approche innovante : il s’agissait en effet de rapprocher survivants, activistes, leaders d’opinion et sympathisants, et d’instaurer une plateforme créative et convaincante propre à laisser s’exprimer la coalition. Ce sommet virtuel, en permettant de rapprocher des chefs d’Etat et de gouvernement et le grand public des femmes du Soudan du Sud, était le moyen rêvé d’injecter de l’énergie et du dynamisme dans un processus de paix arrivé au point mort
Et comme nous avons pu le constater avec les filles de Chibok, c’est grâce à l’énergie et au dynamisme, ainsi qu’aux concepteurs de mouvements tels que Crisis Action, qu’une campagne de faible ampleur peut rapidement en arriver à interpeller des millions d’individus. Les citoyens ne doivent jamais renoncer à la fonction qui leur incombe, car la fonction de Citoyen est la plus importante dans toute démocratie.
Mais alors que notre monde évolue, il nous faut nous organiser et collab- orer de manière plus intelligente. Nous devons enfreindre les règles et être prêts à chambouler le cours des choses. Notre souci de l’humanité doit l’emporter sur notre souci du respect de la civilité.
Birmanie
Réponse d'urgence
Fin août 2017, les forces militaires birmanes et des extrémistes bouddhistes locaux ont attaqué des individus issus de la minorité ethnique des Rohingyas, dans l’état de Rakhine, au nord-ouest du pays. Parmi les atrocités commises, sans précédent tant en termes d’ampleur que de brutalité, des actes de pillage et la mise à feu de villages Rohingyas, des meurtres de masse de civils Rohingyas, des viols collectifs et d’autres violences sexuelles. Alors que Crisis Action travaillait déjà sur quatre conflits, nous avons décidé, au vu des 700 000 Rohingyas contraints de fuir le pays, de lancer une seconde réponse d’urgence, afin d’aider nos partenaires à mettre un terme au nettoyage ethnique et aux horreurs subies par les populations civiles.
Notre impact
Influencer les sanctions de l’UE
L’Union européenne exerce une certaine influence sur la Birmanie en sa qualité de bailleur de premier plan, de prestataire de programmes de formation militaire et d’important partenaire commercial depuis 2012. Par conséquent, sachant que les ministres des Affaires étrangères de l’UE allaient se réunir en octobre 2017, l’un des principaux éléments de la réponse d’urgence de Crisis Action a consisté à encourager l’UE à adopter des sanctions à l’encontre des autorités, de certaines entreprises et de l’armée birmanes.
Nous avons coordonné l’élaboration d’un document d’information par nos partenaires à l’attention des diplomates européens présentant des arguments solides en faveur d’une action de l’UE. Ce document a aidé à placer la Birmanie à l’ordre du jour des ministères des Affaires étrangères. Nous avons également facilité deux lettres privées aux ministres des Affaires étrangères de l’UE et à la Haute-Représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, émanant de plus d’une vingtaine d’ONG humanitaires et de défense des droits humains, qui appelait l’UE à mettre un terme à sa coopération avec la Birmanie et à introduire des sanctions ciblées. Nous avons aidé un activiste à publier un récit poignant de son vécu dans une publication européenne majeure et coordonné une campagne de nos partenaires sur les réseaux sociaux.
Ces travaux ont porté leurs fruits, l’UE convenant de sanctionner certaines personnalités de l’armée birmane en octobre, avant d’étendre et de renforcer ces sanctions, en y ajoutant un embargo sur les armes et les équipements, en février.
Inciter l’UE à condamner la situation
Parallèlement au plaidoyer réalisé à Bruxelles, nous avons collaboré avec nos partenaires sur plusieurs réunions à l’ONU afin de sensibiliser les États membres sur la question de la crise birmane et de provoquer une réponse de la communauté internationale. Nos efforts ont contribué à la publication d’une déclaration présidentielle par le Conseil de sécurité ainsi qu’à l’adoption d’une résolution par l’Assemblée générale de l’ONU condamnant le nettoyage ethnique des Rohingyas.
Empêcher l’Inde de renvoyer de force les réfugiés Rohingyas
L’autre élément de la campagne menée par Crisis Action au titre de sa réponse d’urgence a consisté à faire pression sur le gouvernement indien afin qu’il n’expulse pas les 40 000 réfugiés Rohingyas vivant dans le pays tant que la Cour suprême n’avait pas statué sur la question.
Dans le cadre de notre toute première grande coalition indienne, Crisis Action a contribué à la rédaction d’une lettre ouverte au Premier ministre indien Narendra Modi et obtenu 51 signatures d’éminentes personnalités indiennes, notamment Shashi Tharoor, ancien ministre d’État indien et ancien Sous-Secrétaire général de l’ONU ; Palaniappan Chidambaram, ancien ministre indien de l’Intérieur ; et Miloon Kothari, ancien Rapporteur spécial de l’ONU. Cette lettre a été citée dans le Times of India (journal indien en langue anglaise au plus fort tirage), The Quint et le Navbharat Times, et tweetée par l’ancien ministre Tharoor à ses 5,8 millions d’abonnés.
L’affaire est toujours en examen devant la Cour suprême, qui a réclamé au gouvernement un rapport détaillé sur les conditions de vie des Rohingyas dans les camps de réfugiés. Notre travail a contribué à mettre en avant la détresse des Rohingyas, et nous espérons qu’il sera possible d’empêcher l’Inde de les expulser tant que les conditions de sécurité ne seront pas propices à leur retour.
République Centrafricaine
Réponse d'urgence
En septembre 2017, des violences impliquant le gouvernement, les rebelles de la coalition musulmane de la Séléka et les milices chrétiennes antibalaka se sont rapidement intensifiées en République centrafricaine (RCA), où un habitant sur deux est tributaire de l’aide pour sa survie. Ces violences ont fait passer le nombre de personnes déplacées à plus d’un million, et l’ONU a alerté sur des « signes avant-coureurs de génocide » ainsi que sur le « risque de rechute dans une crise humanitaire de grande ampleur ». Les attaques contre les civils et les travailleurs humanitaires se multipliaient et, du fait des violences, les agences humanitaires se retiraient ou suspendaient leurs opérations, malgré des besoins généralisés. Suite à une consultation avec ses partenaires, Crisis Action a décidé de lancer une réponse d’urgence.
Notre impact
Parvenir à un accord sur l’augmentation des effectifs des Casques bleus
Tout en sachant qu’il ne s’agirait pas d’une solution miracle, les partenaires de Crisis Action ont tous convenu qu’un renforcement de la force de maintien de la paix de l’ONU en RCA, connue sous le nom de MINUSCA, était crucial pour prévenir des atrocités de masse. Le défi était de taille étant donné la pénurie mondiale de Casques bleus qualifiés et les inquiétudes liées au soutien déclinant des États-Unis à l’ONU. Nous craignions que les demandes des agences onusiennes ne soient pas à la hauteur des besoins et que le Conseil de sécurité refuse l’augmentation des effectifs nécessaire pour protéger les civils.
Pour répondre à ces dynamiques, Crisis Action a formé une coalition diversifiée dont le premier objectif était de convaincre le Secrétaire général de l’ONU de demander au Conseil de sécurité d’accroître les effectifs des forces en RCA, puis de persuader le Conseil de donner une suite positive aux recommandations du Secrétaire général.
Nous avons rapidement coordonné des lettres conjointes et des travaux médiatiques ciblés pour mettre davantage en évidence les tristes événements qui se déroulaient sur le terrain. Ces activités ont donné lieu au lancement d’une invitation à une rencontre en face à face avec le Secrétaire général de l’ONU. Crisis Action a ainsi permis à trois représentants d’ONG, dont un brillant représentant d’un groupe de jeunes centrafricain, d’échanger avec António Guterres, qui s’est déclaré convaincu que la RCA avait besoin de troupes supplémentaires, et qu’il en ferait la proposition au Conseil de sécurité. Des hauts fonctionnaires de l’ONU ont qualifié d’« inestimable » et d’« impressionnant » le travail de la coalition, et expliqué qu’il avait contribué à convaincre le Secrétaire général de l’importance de mesures visant à protéger les populations civiles.
Alors que les violences contre les populations civiles en République centrafricaine s’intensifiaient, Crisis Action a constitué une coalition hautement stratégique qui a incité l’ONU à agir de toute urgence pour consolider son opération de maintien de la paix en République centrafricaine et renforcer ses capacités de protection des civils. Cette campagne fructueuse illustre bien tout l’impact du pouvoir de rassemblement propre à Crisis Action.
Conseiller senior ONU, Center for Civilians in Conflict (CIVIC)
À l’issue du rapport du Secrétaire général recommandant une hausse des effectifs, Crisis Action a aidé ses partenaires à publier une lettre conjointe, une note d’information politique et deux tribunes, dans le but d’encourager les membres du Conseil de sécurité à soutenir le plan du Secrétaire général.
Le 15 novembre, le Conseil de sécurité de l’ONU se prononçait à l’unanimité en faveur de l’envoi de 900 Casques bleus supplémentaires au sein de la mission de l’ONU en République centrafricaine. Des agents du département d’État américain ont fait partie de ceux qui nous ont expliqué que les pressions des ONG avaient joué un rôle crucial dans la décision du Conseil.
Avant de clore notre réponse d’urgence, nous avons établi un comité de coordination des principaux partenaires ; ce groupe a continué de faire campagne en RCA de manière efficace, en collaboration avec la coalition plus large que nous avions instaurée. Lorsque le Brésil est revenu sur sa promesse initiale de fournir des troupes supplémentaires, la coalition est rapidement intervenue pour que des troupes alternatives soient mises à disposition afin de protéger les civils en danger.
Notre conseil d'administration
Toutes les informations sur les membres de notre Conseil d’Administration sont disponibles sur notre site internet, ou en cliquant sur leur photo ci-dessous.
Donateurs et partenaires philanthropiques
Le soutien financier de Crisis Action provient de fondations, de gouvernements et de particuliers, dont la plupart fournissent un financement pluriannuel sans restriction. L’ensemble des partenaires ONG principaux de Crisis Action apportent également une contribution financière annuelle, à l’exception de ceux situés dans les pays du Sud. Afin d’assurer la viabilité financière de l’organisation et de préserver son intégrité et son indépendance, nous élargissons et diversifions continuellement notre base de donateurs.
Crisis Action respecte des normes strictes de responsabilité et de transparence dans ses relations avec ses donateurs.
Fondations et individus
- Berghof Foundation
- Doc Society
- Eagle Fund
- Ford Foundation
- Greater Houston Community Foundation (Stardust Fund)
- Greenbaum Foundation*
- Heinrich Böll Foundation
- Joseph Rowntree Charitable Trust
- Kerfuffle Foundation*
- MacArthur Foundation*
- Nduna Foundation*
- New Venture Fund
- Oak Foundation*
- Open Society Foundations
- Pears Foundation*
- Rockefeller Brothers Fund
- Sigrid Rausing Trust*
- Silicon Valley Community Foundation
- Stanley and Marion Bergman Family Charitable Fund
- Susan Gibson
* Crisis Action est particulièrement reconnaissante envers ces donateurs pour leur soutien pluriannuel sans restriction
Gouvernements
- Australian Permanent Mission to the United Nations, New York
- Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GiZ) GmbH
- Global Affairs Canada
- Irish Aid
- Ministère des Affaires étrangères de Suède
- Département fédéral des Affaires étrangères de Suisse
Bilan des activités
Pour l'exercice clos au 31 Mai 2018
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2018 (€) | 2017 (€) | 2018 ($) | 2017 ($) | |
---|---|---|---|---|
Recettes | ||||
Bailleurs de fonds et donations | 3 779 498 | 3 426 546 | 4 414 896 | 3 838 198 |
Partenaires | 110 686 | 132 891 | 129 294 | 148 856 |
Intérêts | 8 805 | 8 712 | 10 286 | 9 759 |
Total | 3 898 990 | 3 568 149 | 4 554 476 | 3 996 812 |
Depenses | ||||
Salaires et charges afférentes | 2 770 015 | 2 666 392 | 3 235 701 | 2 986 722 |
Locaux | 281 094 | 228 579 | 328 351 | 256 039 |
Déplacements et frais connexes | 319 989 | 299 988 | 373 785 | 336 027 |
Informatique, communications et fournitures de bureau | 176 127 | 202 593 | 205 737 | 226 932 |
Publications | 23 694 | 35 614 | 27 677 | 39 892 |
Evénements | 116 781 | 23 349 | 136 414 | 26 154 |
Frais professionnels | 102 372 | 94 982 | 119 583 | 106 393 |
Dépréciation d’actifs | 22 961 | 17 796 | 26 821 | 19 934 |
Charges financières | 103 513 | 12 560 | 120 915 | 14 069 |
Sur immobilisations: dotations aux amortissements | 5 182 | 6 053 | ||
Total | 3 921 729 | 3 581 853 | 4 581 037 | 4 012 163 |
(Déficit)/Excédent de l’année avant taxes | (22 739) | (13 705) | (26 561) | (15 351) |
Taxe | (1 672) | (1 742) | (1 952) | (1 952) |
(Déficit)/Excédent de l’année avant taxes | (24 411) | (15 447) | (28 514) | (17 303) |
Fonds accumulés en début d’année | 1 306 451 | 1 321 893 | 1 516 462 | 1 480 700 |
Fonds accumulés en fin d’année | 1 273 800 | 1 306 451 | 1 487 947 | 1 463 303 |
Taux de change au 31 mai 2018 | 1,1390 | |||
Taux de change au 31 mai 2017 | 1,1462 |
Income 2017/18
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2018 (€) | 2017 (€) | 2018 ($) | 2017 ($) | |
---|---|---|---|---|
Actifs immobilisés | 26 315 | 30 739 | ||
Débiteurs1 | 304 851 | 251 570 | 716 751 | 281 793 |
Espèces en Banque | 2 422 175 | 2 257 428 | 2 829 383 | 2 528 627 |
Créanciers2 | (1 479 540) | (1 202 547) | (1 728 276) | (1 347 017) |
Total net des actifs | 1 273 800 | 1 306 451 | 1 487 947 | 1 463 403 |
Fonds propres | ||||
Fonds propres | 1 624 077 | 1 507 689 | 1 897 111 | 1 688 816 |
Fonds réservés | 13 555 | 0 | 15 834 | - |
Fonds non réservés3 | (363 831) | (201 237) | 424 998 | 225 413 |
Fonds propres | 1 273 800 | 1 306 451 | 1 487 947 | 1 463 403 |
- 240 142€ de fonds débiteurs sont des dons pour 2017/18 reçus en 2018/19
- 1 189 421€ de fonds Créanciers est le montant d'un fond différé reporté sur 2018/19
- Les fonds non réservés comprennent trois actions d'une valeur nominale de 1,14€. Ces actions sont détenues par les administrateurs qui ne perçoivent aucun dividende.
Principaux partenaires
- 11.11.11
- Action Contre la Faim (ACF)
- Aegis Trust
- African Centre for Justice and Peace Studies (ACJPS)
- African Research and Resources Forum (ARRF)
- Agency for Cooperation on Research in Development (ACORD)
- Amnesty International
- Arab Programme for Human Rights Activists (APHRA)
- Arabic Network of Human Rights Information (ANHRI)
- Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS)
- CARE International France
- CARE International UK
- Catholic Agency for Overseas Development (CAFOD)
- Center for Civilians in Conflict
- Center for Conflict Resolution (CECORE)
- Centre for Democracy and Development (CDD)
- Christian Aid
- Concern Worldwide UK
- Concordis International
- Conectas
- Cordaid
- Finn Church Aid
- Global Centre for the Responsibility to Protect (GCR2P)
- Human Rights Information & Training Center (HRITC)
- Human Rights Watch (HRW)
- Humanitarian Aid Relief Trust (HART)
- Humanity and Inclusion
- Insani Yardim Vakfi (IHH)/Humanitarian Relief Foundation
- Institute for Inclusive Security (IIS)
- Institute for Security Studies (ISS)
- International Centre for Policy and Conflict (ICPC)
- International Federation for Human Rights (FIDH)
- International Medical Corps UK
- International Refugees Rights Initiative (IRRI)
- International Rescue Committee
- Islamic Relief Worldwide
- KontraS
- Mensen met een Missie
- Mercy Corps
- Nobel Women's Initiative
- Nonviolent Peaceforce
- Norwegian Refugee Council (NRC)
- Oxfam International
- PAX
- Permanent Peace Movement
- Physicians for Human Rights
- Refugees International
- Saferworld
- Save the Children UK
- Save the Children US
- Stichting Vluchteling (Netherlands Refugee Foundation)
- Support to Life
- Tearfund
- The Elders
- Trócaire
- United Muslim Relief
- War Child – Netherlands
- War Child – UK
- West Africa Network for Peacebuilding (WANEP)
- World Vision International
Partenaires de campagne
- ACTED
- Adopt a Revolution
- Africa Atrocities Watch
- Africa Peace Forum
- Africa Youth Initiative Network (AYINET)
- Articulação SUL
- Assistance Mission for Africa (AMA)
- Association of Evangelicals in Africa (AEA)
- Baytna Syria
- Better World Campaign
- Burma Campaign UK
- Burma Initiative Asienhaus
- Burmese Rohingya Organisation UK
- Centre for Humanitarian Dialogue
- Community Empowerment for Progress Organization (CEPO)
- Darfur Consortium
- Daughters of Mumbi Global Resource Center
- Dawlaty
- Denis Hurley Peace Institute
- Dialogue and Research Initiative (DRI)
- End Impunity Organization (EIO)
- Enough Project
- Euromed Rights – Euro-Mediterranean Network For Human Rights
- Eve Organization
- Fellowship of Christian Councils and Churches in the Great Lakes and Horn of Africa (FECCLAHA)
- FEMNET
- Friends Committee on National Legislation
- Hand in Hand for Syria
- Help 4Syria
- Human Rights Documentation Organization (HURIDO)
- Human Rights First
- Institute for Justice and Reconciliation (IJR)
- International Commission of Jurists-Kenya (ICJ-Kenya)
- International Medical Corps USA
- International Youth for Africa (IYA)
- Law Society of Kenya (LSK)
- medico international
- Mwatana Organization for Human Rights
- Najda Now
- Pan African Lawyers Union (PALU)
- Peace Coalition for South Sudan (PECOSS)
- People in Need (PIN)
- Relief & Reconciliation for Syria
- Revivre
- Rift Valley Institute
- SaferYemen
- Sana'a Center for Strategic Studies
- Sawa Association for Development and Aid
- Search for Common Ground
- Sewa USA
- South Sudan Action Network on Small Arms (SSANSA)
- South Sudan Women's Empowerment Network (SSWEN)
- South Sudan Young Leaders Forum (SSYLF)
- Strategic Initiative for Women in the Horn of Africa (SIHA Network)
- Sudan Focal Point Europe
- Syria Relief
- Syria Relief & Development (SRD)
- Syrian American Medical Society
- Union des Organisations de Secours et Soins Médicaux (UOSSM)
- United States Institute of Peace (USIP)
- Violations Documentation Center in Syria (VDC)
- Win Without War
- Wogood for Human Security
- Women and Girls Movement for Peace and Security in Burundi
- Women Now for Development
- Yemen Peace Project
Notre réseau
La liste complète des membres de notre réseau est disponible sur notre site internet.
Merci
Nous souhaitons remercier les personnes suivantes pour leur contribution au travail de Crisis Action au cours de l’année écoulée :
- Alejandra Portillo-Taylor
- Allie Blankenhaus
- Amy Barry
- Amy Eriksson
- Annamie Paul
- Ashley Rai
- Ayushmita Hazarika
- Bertha Moteane
- Caroline Wambui
- Chloe McCrann
- David Deng
- Dev Society
- Dina Arakji
- Ebony Ross
- Ellen Judson
- Ellen Schneider
- Hadeel Al-Shalchi
- Helen Standley
- Ine Van Bastelaer
- Isabelle Glimcher
- Katie Joyce
- Katy Walsh
- Kelly Koop
- Lawrence Robinson
- Leizel Francis
- Lena Cohrs
- Lia Lindsey
- Liosliath Boyle
- Litlhare Rabele
- Louise Guillaume
- Lynn Chambers
- Marion Cosquer
- Natasha Coleman
- Nicole Maloba
- Nour Zargouni
- Nyathon Mai
- Rebecca Gibbons
- Rosie Ball
- Shilpa Venigandla
- Soraya Fettih
- Steven Green
- Supriya Roychoudhury
- Valerie Rogers
- Vanessa Gathecha
- Vanessa Jackson
- Yasmine Fawaz
2018 Rapport Annuel :
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