Rapport Annuel 2020

LE MODÈLE D’INTERVENTION DE CRISIS ACTION

Depuis 2004, Crisis Action travaille en partenariat avec, entre autres, des organisations locales et internationales, des décideurs politiques, des dignitaires religieux, des célébrités, des militants, des chercheurs, des artistes, des hommes et femmes d’affaires afin d’agir collectivement pour sauver des vies, sanctionner des régimes dictatoriaux, traduire des criminels de guerre en justice, dénoncer la corruption et obtenir de l’aide pour des millions de civils.

Face à des situations qui semblaient inextricables, nous avons réussi à trouver des solutions et avons démontré le potentiel d’une collaboration stratégique et créative entre différents acteurs, agissant avec humilité et engagement. Notre modèle d’intervention a été primé et a inspiré d’autres organisations, comme Digital Action – une ONG nouvellement créée oeuvrant au renforcement des droits démocratiques à l’ère du numérique – ainsi qu’une collaboration innovante engagée pour la lutte contre le changement climatique, toutes deux formées sur le même modèle que Crisis Action.

Pour célébrer les 15 ans d’existence de Crisis Action, nous avons réalisé l’année dernière deux films courts présentant nos activités et notre modèle unique d’action collective. Vous pouvez les visionner ici :

Coalitions and Campaigns that have helped drive meaningful changes

NOTRE IMPACT PAR RÉGION

Au cours de l’année qui vient de s’écouler, Crisis Action a facilité des coalitions qui ont conduit à des changements significatifs pour les populations civiles dans des zones de conflits. Ces coalitions ont engendré les répercussions suivantes par region :

AU SOUDAN DU SUD

  • Elles ont aidé les parties rivales à aboutir à une entente en vue de former un Gouvernement d’unité nationale, ce qui a permis de sceller un accord de paix et a mis fin à des années de guerre civile.
  • Elles ont encouragé les belligérants à s’asseoir à la table des négociations en usant de divers stratagèmes, notamment une remise de prix en ligne qui a connu un véritable succès.
  • Elles ont favorisé le renouvellement de l’embargo sur les armes et des sanctions ciblées au Soudan du Sud, ainsi que celui du mandat de la mission de l’ONU.

EN SYRIE

  • Elles ont contribué à prévenir un massacre de milliers de civils en exerçant une pression sur les belligérants en Syrie afin qu’ils acceptent un cessez-le-feu dans la province du nord-est d’Idlib.
  • Elles ont contribué à ce que la responsabilité des auteurs de crimes de guerre en Syrie soit davantage prise en compte en soutenant les efforts des Nations unies visant à mettre en place une commission d’enquête sur les crimes de guerre en Syrie, et en rendant publiques les conclusions de l’enquête.
  • Elles ont fait baisser le soutien de la population russe à la guerre en Syrie, à travers une collaboration avec des médias indépendants, des artistes et des activistes russes.
  • Elles ont mis la question des détentions arbitraires et des personnes disparues en Syrie à l’ordre du jour des priorités du Conseil de sécurité des Nations unies, encourageant ainsi la majorité des États membres à aborder le sujet à chaque fois qu’il est question de la Syrie.
  • Elles ont contribué à réduire le nombre de victimes civiles en appelant le gouvernement syrien et ses alliés russes à mettre fin aux attaques sur la population et les infrastructures civiles.

AU YÉMEN

  • Elles ont mis en lumière les retombées politiques pour les parties au conflit, incitant l’Arabie Saoudite à proposer un cessez-le-feu et les Émirats arabes unis à retirer leurs troupes.
  • Elles ont fait pression sur les belligérants pour faire cesser les attaques sur les populations et infrastructures civiles, ce qui a entraîné à une diminution significative des victimes civiles en 2019.
  • Elles ont maintenu une pression constante sur les gouvernements occidentaux concernant les ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis utilisées au Yémen, ce qui a abouti à l’extension d’un embargo sur les ventes d’armes allemandes à l’Arabie saoudite et à l’adoption par la Chambre des représentants américaine d’un amendement suspendant la vente d’armes aux Émirats arabes unis et à l’Arabie saoudite.

EN RÉPONSE À LA PANDÉMIE DE COVID-19

  • Elles ont galvanisé la société civile autour d’une campagne en soutien à l’initiative d’un cessez-le-feu mondial, ce qui a eu pour effet l’engagement de 24 groupes armés en faveur de l’initiative dans les zones de guerre, notamment au Cameroun, en République centrafricaine, en Colombie, en Libye, au Myanmar, aux Philippines, au Soudan du Sud, au Soudan, en Syrie, en Ukraine et au Yémen, ainsi que dans 110 pays en faveur du cessez-le-feu.

EN AFRIQUE DE L’OUEST

  • Elles ont fait entendre la voix de la société civile dans la région du Sahel en réunissant 50 organisations d’Afrique de l’Ouest en vue de créer la première Coalition citoyenne pour le Sahel.
  • Elles ont permis de laisser entrevoir des signes encourageants indiquant que la solution militaire ne serait pas l’unique réponse des gouvernements.

Promoting a global ceasefire in response to Covid-19

Dr. Anna Neistat - Board Chair
Andrew Hudson - Executive Director

MESSAGE DE LA PRÉSIDENTE
DU CONSEIL D’ADMINISTRATION
& DU DIRECTEUR EXÉCUTIF

LLa pandémie a touché le monde entier et a mis à nu des inégalités et des injustices sociales que nous ne pouvons tolérer. La poussée des extrêmes en politique a atteint des niveaux inquiétants. Le bilan de l’année qui vient de s’écouler est alarmant. Pourtant, la photo en couverture du présent rapport peut nous laisser entrevoir des signes annonciateurs d’un avenir meilleur. Un accord de paix a finalement été mis en oeuvre au Soudan du Sud, lequel a mis fin à des années de guerre civile. 24 belligérants dans 11 zones de conflit ont répondu à l’appel du Secrétaire général de l’ONU exigeant l’instauration d’un cessez-le-feu au niveau mondial en raison du contexte de pandémie. La mobilisation de la population dans la rue a favorisé une avancée sociale spectaculaire sur des questions qui vont du changement climatique à la justice raciale.

Ce rapport présente les activités de Crisis Action sur la période allant de juillet 2019 à juillet 2020. Nous sommes fiers de nos stratégies créatives mises en valeur dans ce rapport, incluant notamment le recours à l’art, à la musique et à la vidéo, tous porteurs de changement. Crisis Action a donné voix au chapitre aux populations locales et aux femmes à travers des canaux numériques inhabituels, notamment durant la pandémie. Dans ce contexte, nous avons soutenu d’autant plus celles et ceux qui en avaient le plus besoin, notamment au Yémen. Nous nous réjouissons de la mise en place par Crisis Action d’une nouvelle équipe qui sera chargée d’interpeler la Chine afin qu’elle donne la priorité à la protection des populations civiles dans les conflits violents, en particulier en Afrique.

La situation financière solide de Crisis Action, qui a enregistré un chiffre d’affaires record l’année dernière, nous offre la possibilité de puiser prudemment dans nos réserves pour faire face à la pandémie, le cas échéant. Nous sommes ravis qu’Anna Neistat assure désormais la présidence du conseil d’administration de Crisis Action et nous remercions Arnold Tsunga pour son engagement en tant que précédent président. Au terme de presque 11 ans de service, Andrew Hudson a décidé de quitter Crisis Action pour retourner en Australie en mars 2021. Le conseil d’administration remercie chaleureusement Andrew pour sa gestion stratégique et bienveillante. Enfin, nous sommes très heureux de l’arrivée de Nicola Reindorp au poste de Directrice exécutive de Crisis Action. Dirigeante visionnaire, Nicola oeuvrera à accroître encore l’impact de Crisis Action.

Plus d’informations sur le changement de direction à Crisis Action

Rétablir la paix au Soudan du Sud

SOUDAN
DU SUD

Timeline 2019

  • Septembre Le président Salva Kiir et le leader de l’opposition Riek Machar se rencontrent à Juba pour discuter de la mise en œuvre de l’accord de paix 2018
  • Novembre Les parties qui n’ont pas réussi à établir un gouvernement d’unité dans les temps se mettent d’accord pour prolonger les délais de 100 jours

Timeline 2020

  • Janvier Peter Biar Ajak, ainsi que d’autres détenus, sont libérés de prison à la suite d’une directive présidentielle dans le respect des conditions prévues dans l’accord de paix
  • Janvier Le rapport de la Commission des droits de l’Homme au Soudan du Sud fait état du manque de volonté politique permanent de la part des dirigeants sud-soudanais dans la mise en œuvre de l’accord de paix
  • FÉVRIER Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine exhorte les partenaires à envisager des mesures punitives envers ceux qui continuent à saper le processus de paix au Soudan du Sud. Installation du cabinet ministériel, première étape de la mise en place du nouveau Gouvernement d’unité nationale
  • MARS Renouvellement du mandat de la mission de l’ONU au Soudan du Sud
  • MAI Renouvellement de l’embargo sur les armes et des sanctions ciblées par l’ONU

LA SOCIÉTÉ CIVILE CONTRIBUE À L’OBTENTION D’UN ACCORD HISTORIQUE

Au terme de sept ans de guerre civile, de nombreux faux espoirs et de souffrances inutiles, un avenir prometteur se profile à l’horizon pour le Soudan du Sud. En février 2020, un nouveau gouvernement sud-soudanais, composé de membres d’anciens groupes rivaux, a pris ses fonctions et a mis en oeuvre l’accord de paix signé en septembre 2018. Dans son allocution prononcée lors de la cérémonie, le premier vice-président Riek Machar a remercié les membres de la société civile « pour toutes les nuits blanches qu’ils ont passées à faire émerger la paix », reconnaissant le rôle décisif qu’ils ont joué pour sortir le pays de l’impasse.

En effet, la participation et l’influence croissantes de la société civile sud-soudanaise dans les négociations de paix ont été des facteurs particulièrement positifs dans la campagne à laquelle a participé Crisis Action au cours de ces dernières années.

Notre collaboration avec des organisations sud-soudanaises en vue d’établir la responsabilité des auteurs de crimes, de lutter contre la discrimination et de favoriser un avenir pacifique pour la plus jeune nation du monde a été un immense privilège et une expérience enrichissante.

' ENNEMIS DE LA PAIX '

Dans le but d’encourager la formation du nouveau gouvernement, Crisis Action a aidé à co-organiser une « cérémonie de remise de prix des ennemis de la paix » («Spoilers of Peace Awards») innovante et influente, avec ses partenaires Africa Atrocities Watch, Carrot Co., et l’influenceur sur les médias sociaux, Wanjiku Revolution. Librement adapté de la cérémonie des Oscars, cet événement avait pour vocation de mobiliser l’opinion publique afin qu’elle fasse pression sur les dirigeants sudsoudanais en vue de la mise en oeuvre de l’accord de paix.

L’événement de lancement début janvier a touché près 3,5 millions d’individus via les médias traditionnels et sociaux, et a été couvert par les principaux titres régionaux, dont l’East African, The Reporter et le Mail & Guardian, ainsi que par des tribunes signées par des personnalités influentes. Les membres du public ont été invités à présenter des candidatures dans les différentes catégories de prix, soumises au contrôle d’un jury composé d’éminentes personnalités africaines.

En complément de la publicité générée par la remise des prix, Crisis Action a coordonné des actions de plaidoyer privées et publiques, notamment des rencontres entre la société civile sud-soudanaise, l’Union africaine et des diplomates à Juba, l’envoi aux principaux responsables politiques d’une lettre confidentielle rédigée par le jury et d’un document contenant des recommandations pour aider les gouvernements à faire pression sur les acteurs clés chargés de mettre en œuvre l’accord de paix.

Le 10 février, le Président Salva Kiir s’est vu décerner le premier prix d’ennemi de la paix. Son porte-parole l’a refusé en le qualifiant d’« absurde ». Pourtant, quelques jours plus tard, le Président du Soudan du Sud annonçait qu’il acceptait un compromis majeur dans les négociations, ouvrant ainsi la voie à la formation d’un gouvernement d’unité. Selon des sources diplomatiques haut placées, les prix décernés ont fait grand bruit auprès des diplomates à Juba et ont eu une grande influence auprès des acteurs clés.

Une infographie montrant la diminution des incidents violents au Soudan du Sud suite à la signature de l’accord de paix “renouvelé” en septembre 2018

Parmi les nombreuses réalisations accomplies au cours de ces six dernières années par Crisis Action au Soudan du Sud, son travail visant à faire entendre les voix de la société civile et des personnes rescapées de violences sexuelles au Soudan du Sud s’est révélé décisif pour prendre en compte les causes sous-jacentes du conflit et le sort des femmes.

Pramila Patten,
Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations-Unies,
chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflits

DONNER LA PRIORITÉ À LA PAROLE DES FEMMES

Le fléau des violences sexuelles et sexistes perpétrées pendant la guerre civile au Soudan du Sud a souvent été ignoré, voire nié par les principaux acteurs. En août 2019, reconnaissant le rôle essentiel que pourrait jouer l’Afrique du Sud auprès des dirigeants sud-soudanais, Crisis Action a travaillé avec des partenaires dans ce pays pour attirer l’attention sur la nécessité de faire cesser la violence. En collaboration avec Amandla Mobi, un organisme communautaire de plaidoyer, Crisis Action a lancé une campagne sur les médias sociaux avec le hashtag #Mzansi4SouthSudan (« Mzansi » désignant de manière informelle l’Afrique du Sud).



Grâce à d’éminents participants, notamment de militants, d’avocats et d’artistes sud-africains, la campagne en ligne a eu un impact considérable à Johannesburg et a touché plus de neuf millions d’individus. Une pétition exhortait le président Cyril Ramaphosa à s’engager davantage dans le conflit et à user de son influence auprès du gouvernement sud-soudanais pour l’inciter à lutter contre les violences sexuelles et sexistes. Dans les mois qui ont suivi, l’Afrique du Sud a co-dirigé une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies au Soudan du Sud et a également identifié le conflit sud-soudanais comme l’un des deux conflits prioritaires de son mandat de présidence de l’Union africaine en 2020. Elle a tenu son engagement en jouant un rôle actif et constructif dans la formation du nouveau gouvernement sud-soudanais.

Crisis Action parvient à réunir les acteurs de la société civile comme nul autre pareil. Elle permet aux organisations de bâtir collectivement des stratégies qui sont à la fois créatives et percutantes.

Dismas Nkunda,
journaliste et Directeur exécutif d’Atrocities Watch Africa

RENOUVELLEMENT DE LA MISSION DES NATIONS UNIES, DE L’EMBARGO SUR LES ARMES ET DES SANCTIONS

Début mars 2020, Crisis Action a permis à Betty Sunday, membre de la South Sudan Women’s Coalition de témoigner devant le Conseil de sécurité des Nations unies. À la suite de ces échanges, le Conseil de sécurité a renouvelé à l’unanimité la mission de l’ONU au Soudan du Sud pour une année supplémentaire. Un haut diplomate du Conseil de sécurité a révélé à Crisis Action que « l’intervention de Betty avait eu un impact direct et positif sur les négociations ».

Quelques mois après la formation du nouveau gouvernement, Crisis Action a mené des actions de plaidoyer qui ont abouti au renouvellement de l’embargo sur les armes et des sanctions ciblées par l’ONU. Nous avons organisé plusieurs actions conjointes en amont du vote pour convaincre les pays indécis d’appuyer le renouvellement, notamment à travers des actions de plaidoyer privé d’éminents responsables africains, et d’une campagne médiatique et sur les réseaux sociaux portée, entre autres, par l’ONG The Elders et des responsables régionaux de la société civile.

Crisis Action a depuis mis un terme à sa campagne Soudan du Sud, dont les principaux objectifs ont été atteints : la signature d’un accord de paix et la formation d’un nouveau gouvernement. En mars, Crisis Action a facilité une session réunissant 25 organisations sud-soudanaises et ONG internationales, qui a permis d’établir un plan d’action annuel détaillant leurs priorités communes de plaidoyer pour la première année du gouvernement de transition.

LUTTER POUR ASSURER UN AVENIR MEILLEUR AUX SYRIENS

Syrie
 

Timeline 2019

  • OCtobre Les violences se sont intensifiées dans le nord-est de la Syrie à la suite de la décision du président Trump de retirer ses troupes de la région, et de l’invasion turque consécutive

Timeline 2020

  • Janvier Renouvellement partiel pour une durée de six mois de la résolution onusienne sur l’aide transfrontalière
  • Mars La Russie et la Turquie se mettent d’accord sur l’instauration d’un cessez-le-feu à Idlib, après des mois de combats qui ont engendré le déplacement de deux millions d’individus
  • Avril La commission d’enquête des Nations unies décrète que le gouvernement syrien et/ou ses alliés sont probablement responsables des attaques sur les écoles, les hôpitaux et les camps de réfugiés dans le nord-est de la Syrie
  • Juin La loi César entre en vigueur aux États-Unis, prévoyant des sanctions sur les membres du régime syrien et menaçant toute entreprise ou gouvernement international soutenant la reconstruction en Syrie. Les cas de Covid-19 commencent à augmenter de manière exponentielle
  • Juillet Le Conseil des droits de l’Homme adopte une résolution historique sur la Syrie, donnant mandat à une Commission d’enquête onusienne pour enquêter sur les détenus

CConcernant la Syrie, Crisis Action s’est attaché pour l’année 2020 à empêcher une escalade militaire dans la ville d’Idlib, à favoriser la libération des prisonniers détenus arbitrairement, et à collaborer avec des médias indépendants et la société civile russes afin de promouvoir une meilleure compréhension du conflit à l’échelle nationale et du rôle que le gouvernement russe a pu jouer.

EMPÊCHER UN MASSACRE À IDLIB

Alors que le gouvernement syrien regagnait le contrôle de la majorité du territoire, la province du d’Idlib a été le théâtre d’une grande partie des combats pendant plus d’un an. À la fin de l’année 2019, l’escalade des hostilités entre les forces russes et syriennes à Idlib, ainsi que les combats entre les troupes turques et russes près de la frontière, ont exposé la population civile à un danger grandissant. Les écoles, les hôpitaux et autres installations médicales ont été fréquemment bombardés, en violation du droit international.

En collaboration avec des ONG partenaires, Crisis Action a coordonné plusieurs actions de plaidoyer d’urgence pour mettre fin aux attaques sur la population civile et amener les belligérants à négocier un cessez-le-feu. Ces actions incluent l’envoi d’une lettre à l’initiative de membres du Parlement européen aux chefs d’État de l’OTAN et de l’UE les exhortant à imposer des sanctions à des personnalités politiques russes de haut rang si elles ne parvenaient pas à mettre fin aux attaques sur la population civile (c’est la première fois que des représentants élus ont lancé un tel appel), une conférence de presse en présence de députés de haut rang au sein du Parlement européen faisant suite au courrier, et une campagne sur twitter à l’échelle mondiale.

Crisis Action a également apporté son soutien aux réalisateurs du documentaire nominé pour les Oscars, Pour Sama en vue de dénoncer la situation à Idlib. La réalisatrice Waad al-Kateab a écrit un éditorial dans le New York Times, et de nombreux autres médias ont relayé sont appel, lancé devant le siège de l’ONU, pour que les hôpitaux ne soient plus la cible des bombardements. Crisis Action a également soutenu la projection du film qui n’avait jamais été montré en Russie. En mars, la Turquie et la Russie ont accompli une avancée majeure en négociant un cessez-le-feu à Idlib, toujours en vigueur au moment où nous écrivons ce rapport.

Crisis Action ne se contente pas d’encourager la société civile russe à explorer de nouvelles pistes plus créatives pour protéger la population civile en Syrie, elle favorise également des collaborations entre militants, originaires de Russie, Turquie, Syrie, de l’Union européenne et au-delà, qui partagent le même état d’esprit, sur des modes qui n’étaient guère possibles en Russie jusqu’à présent.

Ekatarina Sokirianskaia
directrice du Conflict Analysis and Prevention Center

Le clip de rap “On All Fronts” d’Amir Al-Mu’arri couvert par le journal russe Novaya Gazeta.

LES RAPPEURS UNIS CONTRE LES DESPOTES

À cette période, un élément clé de notre travail a consisté à utiliser la musique et les arts pour créer des connexions transfrontalières et attirer l’attention d’un plus large public sur le rôle de la Russie dans la guerre en Syrie. En septembre 2019, Crisis Action a soutenu le lancement d’un clip-vidéo du rappeur Amir Al-Muarri, installé à Idlib, (voir le portrait ci-dessous), dans lequel il appelle à ce que la population civile d’Idlib ne soit plus prise pour cible. Les principaux organes de presse dont Al Hurra, Al-Araby Al Jadeed, BBC, Der Tagesspiegel et Novaya Gazeta ont couvert l’événement qui a été visionné plus de 160 000 fois sur les chaînes personnelles de l’artiste, pour atteindre des millions de vues supplémentaires sur les sites internet et réseaux sociaux d’autres personnalités.

En décembre, Crisis Action a travaillé avec la rappeuse russe Marisol, qui souhaitait répondre à Amir Al-Muarri en lançant son titre pour exprimer sa solidarité envers les Syriens affectés par le conflit et critiquer le rôle des forces armées russes. Le clip que nous avons aidé à produire a été vu des dizaines de milliers de fois sur les médias sociaux et internet, et a été cité par Novaya Gazeta, Al Araby Al Jadeed, Al Modon, entre autres. Ils ont été nombreux à louer le courage de ces artistes qui ont ouvertement critiqué leurs gouvernements.

Au lendemain de la sortie du titre de Marisol, Crisis Action a aidé à organiser un « débat anti-guerre sur la Syrie », hébergé par le Comité des mères de soldats à Saint-Pétersbourg. Étaient présents un large panel de militants russes, dont Marisol, ainsi que le rappeur syrien Amir Al-Muarri qui y participait par liaison vidéo. Cette rencontre a permis l’ouverture d’un dialogue entre la société civile des deux pays et une démonstration de solidarité à travers l’art. C’était la première fois qu’une telle rencontre avait lieu en Russie.

Au terme de cette rencontre et de la couverture de l’événement par le journal Novaya Gazeta, une série de manifestations de petite ampleur ont éclaté dans les rues de Saint-Pétersbourg, pouvant laisser croire au renforcement de l’opposition à l’égard du discours officiel russe sur la Syrie, en partie fomentée par des reportages plus étayés réalisés par des journalistes indépendants russes que soutient Crisis Action.

Une infographie montrant la réduction des frappes aériennes en Syrie après le cessez-le-feu entre la Russie et la Turquie en mars 2020

FAVORISER LA LUTTE CONTRE L’IMPUNITÉ ET LA LIBÉRATION DES DÉTENUS INNOCENTS

Crisis Action a poursuivi ses activités en étroite collaboration avec des groupes de défense des droits humains syriens et des responsables politiques internationaux en vue de faire pression pour la libération des défenseurs des droits humains détenus, pour un accès urgent aux prisons, pour connaître le sort des personnes disparues, et faire figurer cette question au rang des priorités internationales, notamment en faisant intervenir Wafa Mustafa de l’organisation Families for Freedom au Conseil de sécurité de l’ONU .

Nous avons aussi soutenu les efforts déployés en vue d’établir la responsabilité des auteurs de violations des droits humains à Idlib. En août 2019, une commission d’enquête des Nations unies a été créée afin d’enquêter sur les attaques perpétrées sur les écoles et les hôpitaux à Idlib, et en avril 2020, les conclusions de ces enquêtes ont été rendues publiques en réponse aux demandes des ONG. Les conclusions du rapport révélant la « forte probabilité » de frappes illégales par le gouvernement syrien et/ou ses alliés contribueront à ce que la responsabilité des auteurs de ces attaques soit établie à l’avenir.

PROTÉGER LA POPULATION CIVILE ET PROMOUVOIR LA PAIX AU YÉMEN

YÉMEN
 

Timeline 2019

  • Septembre es Houthis annoncent un cessezle-feu unilatéral sur les attaques aux drones et aux missiles en Arabie saoudite. Les Saoudiens ont répliqué en interrompant leurs frappes aériennes dans quatre gouvernorats yéménites
  • Novembre Le gouvernement yéménite et le Conseil de transition du sud se mettent d’accord pour former un gouvernement unique, destiné à ouvrir la voie à des négociations politiques avec les Houthis

Timeline 2020

  • Janvier La reprise des combats entre le gouvernement yéménite et les Houthis entraîne l’augmentation du nombre de victimes civiles
  • Mars Le gouvernement américain suspend de manière unilatérale le financement des opérations humanitaires dans les zones sous contrôle houthi au Yémen
  • Avril le Conseil transitionnel du sud déclare « l’autonomie administrative » dans les gouvernorats sous son contrôle, ce qui entraîne la reprise des combats dans le sud du pays
  • Juin il manque plus d’un milliard de dollars par rapport à la somme qui devait être collectée à la conférence de donateurs humanitaire. Les Nations unies déplorent devoir réduire ou arrêter près des trois quarts de ses programmes
  • Juillet l’amendement qui met fin à la vente de bombes et de missiles à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis est voté par la Chambre des représentants des États-Unis. Le Royaume-Uni annonce qu’il reprendra la vente d’armes à l’Arabie saoudite

AUGMENTER LE COÛT DE LA GUERRE

À la fin de 2019, le nombre des victimes civiles n’avait jamais été aussi bas au Yémen depuis cinq ans, mais l’escalade militaire au cours de l’année 2020 a de nouveau provoqué leur augmentation. Crisis Action a concentré ses efforts sur l’action collective pour négocier un cessez-le-feu et des pourparlers de paix, mettre un terme aux ventes d’armes utilisées dans la guerre au Yémen, développer l’aide humanitaire (la pandémie de Covid-19 ayant provoqué l’augmentation des besoins), et encourager l’établissement de la responsabilité des auteurs de crimes.

Au cours de cette période, il est apparu que les coûts réels et prévisionnels de la guerre pouvaient remettre en cause les calculs auxquels se livraient les parties au conflit. Ainsi, les Émirats arabes unis ont retiré leurs troupes en juin 2019 et ont mis fin à leur participation à la coalition menée par l’Arabie saoudite. Cette dernière qui semblait chercher un moyen de mettre un terme à la guerre a proposé un cessez-le-feu de court terme en avril 2020. De plus, les Houthis ont pris des mesures en faveur de l’apaisement des tensions à la fin de 2019, et se sont engagés sérieusement dans la négociation d’un cessez-le-feu.

Grâce à sa vision politique et à ses conseils stratégiques, Crisis Action a aidé des groupes de la société civile yéménite comme les nôtres à engager un dialogue avec les responsables internationaux au plus haut niveau. Le soutien de Crisis Action a permis de faire entendre nos voix et d’accroître notre impact, ainsi que de garder l’attention médiatique mondiale sur le Yémen.

Abdulghani Al-Iryani
chercheur principal au Centre d’études stratégiques de Sana’a

Une infographie montrant la diminution du nombre de victimes civiles causées par les raids aériens au Yémen

SOUTIEN AU PROCESSUS DE PAIX ET LUTTE CONTRE L’IMPUNITÉ

Crisis Action a noué des relations productives avec de hauts responsables des Nations unies et de gouvernements œuvrant pour le processus de paix au Yémen, et les a mises à profit pour encourager les belligérants à négocier. Nous avons proposé nos conseils stratégiques, contribué à informer les responsables et les médias, et aidé à placer des tribunes et articles influents par les principaux acteurs yéménites et occidentaux.

Crisis Action a également poursuivi ses actions en vue d’établir la responsabilité des auteurs de violations au Yémen et pour que justice soit rendue. Nous avons coordonné une campagne fructueuse menée par des partenaires en 2019 pour garantir le renouvellement et le renforcement du mandat du Groupe d’experts des Nations unies sur le Yémen. Puis nous avons animé des rencontres pour nos partenaires entre des membres du Groupe d’experts et des responsables clés des États-Unis et des Nations unies.

PRESSION SUR LA VENTE D’ARMES

Crisis Action a travaillé en collaboration avec ses partenaires pour faire pression sur les gouvernements occidentaux afin qu’ils cessent leur vente d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis en vue de leur utilisation au Yémen. Nous avons apporté notre soutien à la production et à la diffusion d’un vidéo mettant en scène des célébrités britanniques et françaises qui racontent l’histoire d’une jeune fille yéménite dont la famille a été tuée dans une frappe aérienne en 2017. Coproduite avec la réalisatrice yéménite Khadija Al-Salami, la vidéo a été visionnée plus de 200 000 fois sur les réseaux sociaux et a reçu une large couverture médiatique dans la presse grand public.

Crises Action a également oeuvré avec ses partenaires au soutien et à la promotion d’une fresque dénonçant les exportations d’armes françaises, réalisée par le célèbre grapheur yéménite Murad Subay et inaugurée à Paris en novembre 2019. L’oeuvre d’art était accompagnée d’une pétition de 250 000 signatures, à laquelle les passants étaient invités à ajouter leur nom. L’inauguration qui a reçu un large écho dans les médias français et internationaux, a été suivie d’une rencontre entre Murad Subay, des ONG et des conseillers du président Macron. Un responsable français nous a rapporté que notre travail avait changé le regard de la France sur le Yémen, même si à l’heure où nous rédigeons ce rapport, la France continue ses ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, qui sont susceptible d’être utilisées au Yémen.

Aux États-Unis, Crisis Action a formé une coalition diversifiée composée notamment de partenaires de longue date et de nouveaux alliés pour engager un dialogue avec les responsables politiques. Nous avons créé un groupe de 100 leaders religieux chrétiens représentant l’ensemble des 50 États américains pour lancer un appel public afin de cesser toute vente d’armes par les États-Unis à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. Nous avons aussi travaillé en partenariat avec CNN à l’élaboration d’un reportage sur le transfert ou la perte d’armes américaines aux milices yéménites, auquel les législateurs américains des deux partis ont fait référence. Bien qu’ils n’aient pas été promulgués au titre de loi, la Chambre des représentants aux États-Unis a adopté en juillet 2019 et juillet 2020 des amendements suspendant la vente d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, indiquant clairement aux deux pays qu’ils risquaient des retombées bilatérales s’ils poursuivaient le combat.

En Allemagne, Crisis Action a aidé à la préparation d’un courrier signé par 56 ONG appelant le gouvernement allemand à interdire les exportations d’armes à tous les membres de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les États arabes unis. Plus tard dans le mois, le gouvernement a prolongé son moratoire sur la vente d’armement à l’Arabie saoudite.

AGGRAVATION DE LA CRISE HUMANITAIRE FACE À LA COVID-19

Depuis début 2020, les difficultés considérables liées à la pandémie viennent s’ajouter à une situation humanitaire déjà catastrophique au Yémen, où 80 % de la population dépend de l’aide humanitaire et où l’accès à l’eau potable ne va pas de soi. À un moment particulièrement mal choisi, les États-Unis ont annoncé leur intention de suspendre leur aide visant à financer des programmes dans le territoire contrôlé par les Houthis. En collaboration avec des partenaires, Crisis Action a alerté sur la situation, conduisant à une mobilisation immédiate des médias, notamment du Washington Post, qui a provoqué un tollé au sein du Congrès américain et un report consécutif de la suspension de l’aide.

Alors que la Covid-19 empêchait la tenue de réunions en personne, Crisis Action a également organisé des réunions d’information virtuelles sur le conflit et la situation humanitaire au Yémen pour le Sous-comité du Moyen-Orient de la Chambre des représentants des États-Unis et les bureaux du Développement et des Affaires étrangères britanniques, en facilitant les échanges directs entre les partenaires notamment Mwatana, le Centre Sana’a, et International Crisis Group et les responsables politiques américains et britanniques.

D’autre part, Crisis Action a mobilisé ses partenaires yéménites et internationaux pour pallier le manque de financement des actions humanitaires au Yémen. En amont d’une conférence des donateurs prévue en juin, nous avons organisé deux téléconférences qui ont réuni de nombreux participants et ont permis à la société civile yéménite et aux responsables politiques occidentaux et journalistes internationaux d’échanger en direct. L’événement a reçu un large écho dans les médias, mais il n’a malheureusement permis de recueillir qu’un peu plus de la moitié des fonds nécessaires établis par les Nations unies – creusant un déficit qui s’élève à un milliard de dollars, largement imputé à la baisse des financements des États du Golf. Pour faire face à la situation, Crisis Action a travaillé avec CNN à la réalisation d’un reportage choc établissant le lien entre l’insuffisance de l’aide humanitaire financée par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et les États-Unis et le risque croissant de famine au Yémen. Quelques jours après la diffusion du reportage, l’Arabie saoudite et le Koweït annonçaient le versement de plus de 250 millions de dollars d’aide supplémentaire.

ENCOURAGER UN CESSEZ-LE-FEU MONDIAL EN RÉPONSE À LA PANDÉMIE

CESSEZ-LE-FEU MONDIAL

L orsque la pandémie de la Covid-19 a éclaté, le Secrétaire général des Nations unies a appelé à instaurer un cessez-le-feu mondial pour aider à lutter contre le virus. Crisis Action est immédiatement passé à l’action pour mobiliser ses partenaires.

Nous avons organisé deux vidéoconférences pour plus de 130 ONG internationales, avons aidé à préparer des courriers à l’attention du Conseil de sécurité et de l’Union africaine avec plus 200 organisations signataires provenant de plus de 35 pays, et avons collaboré avec des partenaires en vue d’encourager Mary Robinson, Ban Ki-moon et plusieurs ministres étrangers à faire des déclarations en faveur d’un cessez-le-feu.

Pour soutenir cette campagne, une pétition a été lancée par Avaaz. Elle a recueilli plus de 2,2 millions de signatures et reçu le soutien du Pape ainsi que d’autres porte-paroles influents. Les hashtags #GlobalCeasefire et #Doves4Peace ont touché plus de 8,6 millions d’utilisateurs des réseaux sociaux du monde entier. Crisis Action a fait en sorte que ces initiatives reçoivent une large couverture médiatique, hautement visible dans le monde, que ce soit dans le New York Times ou sur la chaîne CNN en arabe.

Dans les semaines suivant l’appel, 110 pays ont apporté leur soutien au cessez-le-feu, et 24 belligérants dans 11 zones de conflit, dont le Soudan du Sud, la Syrie et le Yémen, se sont mis d’accord pour déposer les armes, entraînant une désescalade provisoire de la violence dans les conflits les plus sanglants du monde. Le 1er juillet, après une série d’atermoiements, le Conseil de sécurité a adopté une résolution soutenant un cessez-le-feu à l’échelle mondiale.

L’appel à un cessez-le-feu global résonne dans le monde entier. Pour faire taire les armes, nous devons faire entendre les voix pour la paix.

António Guterres,
Secrétaire Général des Nations-Unies

UNE COALITION CITOYENNE POUR LE SAHEL

LE SAHEL

Logo de la “Coalition citoyenne pour le Sahel” représentant les piliers du peuple : Protection, Stratégie politique, Aide et Justice..

L a région du Sahel en Afrique de l’Ouest est confrontée à une grave crise sécuritaire, de gouvernance et sanitaire qui s’est considérablement aggravée en 2019. Des attaques répétées perpétrées à grande échelle par de violents groupes extrémistes autour de la frontière qui sépare le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont semé la panique, et ont forcé des centaines de milliers d’habitants à fuir leur domicile dans ce qui est devenu l’une des crises de déplacement à la croissance la plus rapide au monde.

La situation menace de toucher d’autres pays, et l’émergence de la pandémie de Covid-19 a aggravé les risques qui pèsent sur la population civile et la stabilité de la région – mis à mal également, en août 2020, par un coup d’État au Mali et l’assassinat de travailleurs humanitaires au Niger. Les gouvernements du Sahel et leurs alliés ont donné la priorité à l’action militaire contre les groupes extrémistes violents et n’ont pas été en mesure de protéger la population civile. Ils n’ont pas suffisamment investi dans la résolution des problèmes humanitaires et de gouvernance à l’origine de la crise.

Au Sahel, la société civile qui est en première ligne face à la crise a une expertise unique qu’ignorent trop de décideurs. En aidant à la création de la Coalition citoyenne pour le Sahel, Crisis Action a contribué à mettre en valeur cette expertise auprès d’un public mondial.

Niagalé Bagayoko
présidente de l’African Security Sector Network

PRÔNER UN CHANGEMENT D’APPROCHE

En mars 2020, Crisis Action a lancé une réponse d’urgence pour le Sahel, réunissant près de 50 partenaires africains et internationaux en une coalition diverse en vue d’appeler les gouvernements nationaux et leurs partenaires à un changement de stratégie.

Crisis Action a facilité des échanges entre la société civile sahélienne et de hauts responsables des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Union européenne et des Nations unies, qui ont partagé leur vision sur le nécessité d’apporter une réponse globale à la crise, qui aille au-delà de la seule approche anti-terroriste. En juin, Crisis Action a facilité l’organisation d’une conférence de presse en ligne pour ses partenaires sahéliens avant la tenue d’une importante réunion ministérielle sur le Sahel, dont la couverture presse a été influencée par le point de vue de la société civile sahélienne.

Le 16 juillet, la « Coalition citoyenne pour le Sahel » a été officiellement lancée. L’événement de lancement, hébergé en ligne par la FIDH (Fédération internationale pour les droits humains), partenaire de Crisis Action, a été visionné par des milliers de spectateurs à travers le monde, dont des responsables politiques et des dizaines d’organes de presse locaux et internationaux, comme Le Monde, RFI, Jeune Afrique, la BBC et Voice of America.

Crisis Action a également aidé la Coalition citoyenne à lancer les « piliers citoyens » autour de quatre priorités : la protection, la stratégie politique, l’aide et la justice. La Coalition a commencé à étudier la réponse des gouvernements sur ces questions.

Il y a tout lieu de croire que le message commence à être entendu et incite certains acteurs clés, dont la France qui compte 5 500 soldats sur le terrain, à modifier leur approche. Les condamnations publiques de violences à l’égard de la population civile se multiplient, et en juin, la ministre de la Défense française a pour la première fois évoqué une possible remise en cause du soutien militaire de la France si les forces armées de la région continuaient à bafouer le droit international.

PROTÉGER LES MANIFESTANTS EN IRAK

irak
 

EEn octobre 2019, des centaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue en Irak pour exiger la fin de la corruption endémique. Les forces de sécurité ont répondu aux manifestations par l’usage excessif de la force. Entre octobre 2019 et mai 2020, plus de 2 000 manifestants ont été tués et 27 000 blessés. Crisis Action a pris des mesures pour mettre fin à la violence.

Devant l’impossibilité d’organiser des rencontres ou des activités en personne en raison de la pandémie, Crisis Action a lancé un webinaire en présence de militants irakiens pour exiger que des mesures soient prises pour mettre fin à la brutalité des forces de sécurité de l’État. Organisé en collaboration avec l’Iraqi Al-Amal Association, le webinaire qui s’est déroulé en langue arabe en présence d’intervenants irakiens provenant de cinq gouvernorats, a accueilli plus de100 personnes, dont des journalistes du Financial Times, de l’AFP, de The National, et du NPR, ainsi que des diplomates suédois, hollandais, français et états-uniens.

Donateurs et Partenaires philanthropiques

Crisis Action bénéficie du soutien financier d’un large éventail de fondations, gouvernements et particuliers. De plus, tous les principaux partenaires de Crisis Action versent une contribution financière annuelle, à l’exception de ceux qui se situent dans l’hémisphère Sud. Nous tenons à remercier tous nos donateurs sans qui nous ne serions pas en mesure d’accomplir notre mission.

Dans la liste ci-dessous figurent les fondations et particuliers qui ont versé au moins 5 500 euros. N’apparaissent pas les donateurs anonymes.

FONDATIONS ET PARTICULIERS

  • Eagle Fund
  • Greenbaum Foundation*
  • Joseph Rowntree Charitable Trust
  • Kerfuffle Foundation*
  • Lode Star Foundation
  • Nduna Foundation*
  • New Venture Fund
  • Open Society Foundations
  • Pears Foundation*
  • Robert Bosch Stiftung
  • Rockefeller Brothers Fund
  • Silicon Valley Community Foundation
  • Skoll Foundation
  • Stanley and Marion Bergman Family Charitable Fund
  • Susan Gibson

* * Crisis Action est particulièrement reconnaissant envers ces donateurs qui nous apportent un soutien plurianniel et sans restriction.

GOUVERNEMENTS

  • Department of Foreign Affairs and Trade, Ireland (Stability Fund)
  • European Union and German Federal Foreign Office as part of the Syria Peace Initiative, implemented by the GiZ
  • Global Affairs Canada
  • Swedish Ministry for Foreign Affairs

BILAN D’ACTIVITÉ
POUR L’EXERCICE CLOS AU 31 MAI 2020

FINANCES 2019-20

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  2019 (€) 2018 (€)
Recettes  
Bailleurs de fonds et donations 4 256 841 3 779 498
Partenariats 146 679 110 686
Intérêts 6 003 8 805
Total 4 409 523 3 898 990
Dépenses  
Salaires et charges afférentes 2 940 900 2 770 015
Locaux 285 735 281 094
Déplacements et frais connexes 518 593 319 989
Informatique, communications et fournitures de bureau 192 106 176 127
Publications 89 048 23 694
Événements 27 294 116 781
Frais professionnels 112 883 102 372
Dépréciation d’actifs 18 178 22 961
Charges financières 10 565 103 513
Sur immobilisations: dotations aux amortissements 6 255 5 182
Total 4 201 556 3 921 729
(Déficit)/Excédent de l’année avant taxes 207 968 (22 739)
Taxes (1 141) (1 672)
(Déficit)/Excédent de l’année après taxes 206 827 (24 411)
Fonds accumulés en début d’année 1 273 800 1 306 451
Fonds accumulés en fin d’année 1 471 546 1 273 800
Taux de change au 31 mai 2019 1,1309  
Taux de change au 31 mai 2018 1,1390  
  1. Les recettes de 2020 étaient supérieures à celles de 2019. Le montant en dollars est légèremment inférieur en raison d’une dépréciation de la livre sterling.
Financials piechart

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  2019 (€) 2018 (€)
Actifs immobilisés 19 873 26 315
Débiteurs1 254 254 304 851
Espèces en Banque 2 378 200 2 422 175
Créanciers2 (1 180 780) (1 479 540)
Total net des actifs 1 471 546 1 273 800
Fonds propres  
Fonds propres 1 782 717 1 624 077
Fonds réservés 44 542 13 555
Fonds non réservés3 (355 713) (363 831)
Fonds propres 1 471 546 1 273 800
  1. 164,139 ($206,999) de fonds débiteurs sont des dons pour 2018/19 reçus en 2019/20.
  2. £806,433 ($1,017,009) de fonds Créanciers est le montant d'un fond différé reporté sur 2019/20.
  3. Les fonds propres en USD ont été réévalués en utilisant le taux de change USD/GBP de mai 2020
  4. Les fonds non réservés comprennent trois actions d'une valeur nominale de £1. Ces actions sont détenues par les administrateurs qui ne perçoivent aucun dividende.

PARTENAIRES PRINCIPAUX

  • 11.11.11
  • Action Contre la Faim (ACF)
  • Aegis Trust
  • African Centre for Justice and Peace Studies (ACJPS)
  • African Research and Resources Forum (ARRF)
  • Agency for Cooperation on Research in Development (ACORD)
  • Amnesty International
  • Amnesty UK
  • Arab NGO Network for Development (ANND)
  • Arab Programme for Human Rights Activists
  • Arabic Network of Human Rights Information (ANHRI)
  • Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS)
  • CARE France
  • CARE International UK
  • Catholic Agency for Overseas Development (CAFOD)
  • Center for Civilians in Conflict (CIVIC)
  • Center for Conflict Resolution (CECORE)
  • Centre for Democracy and Development
  • Christian Aid
  • Concern - UK
  • Cordaid
  • Finn Church Aid
  • Global Centre for the Responsibility to Protect (GCR2P)
  • Human Rights Information & Training Center (HRITC)
  • Human Rights Watch (HRW)
  • Humanitarian Aid Relief Trust (HART)
  • Humanity and Inclusion
  • IHH (Insani Yardim Vakfi) (Humanitarian Relief Foundation)
  • Institute for Security Studies (ISS)
  • International Centre for Policy and Conflict (ICPC)
  • International Crisis Group
  • International Medical Corps UK
  • International Refugees Rights Initiative (IRRI)
  • International Rescue Committee
  • Islamic Relief Worldwide
  • KontraS
  • Mensen met een Missie
  • Mercy Corps
  • Nobel Women's Initiative
  • Nonviolent Peaceforce
  • Norwegian Refugee Council (NRC)
  • Oxfam International
  • PAX
  • Permanent Peace Movement
  • Physicians for Human Rights
  • Refugees International
  • Saferworld
  • Save the Children - UK
  • Save the Children - US
  • Stichting Vluchteling
  • Support to Life
  • Tearfund
  • The Elders
  • Trócaire
  • War Child – Netherlands
  • War Child – UK
  • West Africa Network for Peacebuilding (WANEP)
  • Women International Peace Centre
  • World Vision International
  • World Vision UK

PARTENAIRES DE CAMPAGNE

  • Acción Solidaria
  • Action Des Chretiens Pour L’Abolition De La Torture (ACAT)
  • Adopt a Revolution
  • Africans Rising
  • Alliance Internationale pour la défense des droits et libertés (AIDL)
  • Articulação SUL
  • Assistance Mission for Africa (AMA)
  • Association of Evangelicals in Africa (AEA)
  • Baytna Syria
  • Better World Campaign
  • Center for Justice and International Law (CEJIL)
  • Centre for Humanitarian Dialogue
  • Centro de Justicia y Paz (CEPAZ)
  • Community Empowerment for Progress Organization (CEPO)
  • Daughters of Mumbi Global Resource Center
  • Dawlaty
  • Denis Hurley Peace Institute
  • Dialogue and Research Initiative (DRI)
  • End Impunity Organization (EIO)
  • Enough Project
  • Euromed Rights – Euro-Mediterranean Network For Human Rights
  • EVE Organization
  • Families for Freedom
  • Fellowship of Christian Councils and Churches in the Great Lakes and Horn of Africa (FECCLAHA)
  • FEMNET
  • Friends Committee on National Legislation
  • Hand in Hand for Syria
  • Help4Syria
  • Human Rights Documentation Organization (HURIDO)
  • Human Rights First
  • Institute for Justice and Reconciliation (IJR)
  • International Commission of Jurists
  • International Medical Corps USA
  • International Youth for Africa (IYA)
  • medico international
  • Mwatana Organization for Human Rights
  • Najda Now
  • National Security Action
  • Observatoire des Armements
  • Pan African Lawyers Union (PALU)
  • Peace Coalition for South Sudan (PECOSS)
  • People in Need (PIN)
  • Relief & Reconciliation for Syria
  • Revivre
  • SaferYemen
  • Salam for Yemen
  • Sana'a Center for Strategic Studies
  • Sawa Association for Development and Aid
  • Search for Common Ground
  • South Sudan Action Network on Small Arms (SSANSA)
  • South Sudan Women's Empowerment Network (SSWEN)
  • Sudan Focal Point Europe
  • Syria Bright Future
  • Syria Relief
  • Syria Relief & Development (SRD)
  • Syrian American Medical Society
  • The Sentry
  • The Syria Campaign
  • The Washington Office on Latin America (WOLA)
  • Union des Organisations de Secours et Soins Médicaux (UOSSM)
  • United States Institute of Peace (USIP)
  • Violations Documentation Center in Syria (VDC)
  • Win Without War
  • Wogood for Human Security
  • Women Now for Development
  • Yemen Solidarity Network

Our Network

La liste complète des membres de notre réseau est disponible sur notre site internet.

NOTRE ÉQUIPE

Vous trouverez une liste complète sur notre site internet, rubrique « Qui sommes-nous ? »/ « Notre équipe ».

Un grand merci aux consultants, stagiaires et anciens employés ci-dessous pour leur contribution au travail de Crisis Action au cours de cette année

Adipo Otieno Sidang, Alexis Fessatidis, Amy Barry, Benson Butori, Claire Nurden, Darren George, Davis Makori, Dima Farran, Elinor Sisulu, Elvis Salano, Eric Eikenberry, Helawi Mengistu, John Senior, Judith Khaemba, Karim Khalifeh, Mahault Bernard, Marcy Obonyo, Marianne Tessa, Martine Lekutanoy, Mary King’ori, Morgan Cronin-Webb, Nahom Gebremariam, Olivia Njoroge, Rachel Everette, Robert Schupp, Sami Salloum, Sophie Busson, Tsion Hagos

The Crisis Action team


Illustrations, graphisme et mise en page par
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  • IMAGE DE COUVERTURE: Une femme de la tribu Lotuko exécutant une danse de bienvenue, en Équatoria-Central, à Illeu, au Soudan du Sud.
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    Photographie d’Eric Lafforgue/Art in All of Us/Corbis/Getty Images